Illustration de l'article
Critiques
Archive 9ᵉArt
par AlexLeCoq - le 24/09/2014
Partager :
par AlexLeCoq - le 24/09/2014

Robin Année Un, la critique

Procédé extrêmement courant dans l'univers de la bande dessinée américaine, l'origin story permet de revenir sur la genèse d'un super-héros pour le plus grand plaisir des nouveaux lecteurs. Batman, Superman, Green Arrow, etc... la plupart des héros DC Comics sont passés par là (un peu trop souvent ?) et aujourd'hui, c'est le sidekick et fils adoptif de Bruce Wayne qui est à l'honneur avec Robin Année Un édité chez Urban Comics.

Ouvrage qui rappellera évidemment les fameux Batman Year One de Frank Miller et David Mazzucchelli ou plus récemment Green Arrow Year One d'Andy Diggle et Jock, Robin Année Un est un recueil comprenant le one-shot Batman Chronicles: The Gauntlet de Bruce Canwell et Lee Weeks ainsi que les numéros 1 à 4 de Robin Year One de Chuck Dixon et Javier Pulido. L'un comme l'autre, les deux comic-books ne sont pas nouveaux puisqu'ils datent respectivement de 1997 et 2001 et mettent en scène la première version de Robin à avoir combattu le crime aux côtés du Chevalier Noir, Dick Grayson. Personnage hautement apprécié des admirateurs de Batman, Richard est l'un des visages majeurs de l'univers du personnage de Bob Kane et Bill Finger qui a bien aujourd'hui grandi et vole de ses propres ailes dans le costume de Nightwing avant de récemment devenir l'espion connu sous le nom d'Agent Grayson.

C'est donc un détour dans le passé que nous offre aujourd'hui Urban Comics avec cette parution qui sent bon une autre époque durant laquelle le Chevalier Noir devait plus compter sur son intellect et son esprit de déduction peu commun pour combattre le crime que sur ses gadgets high tech qui font nerveusement rire Tim Cook. The Gauntlet met d'ailleurs en scène le jeune Dick alors qu'il est envoyé pour sa première nuit de patrouille. En guise d'épreuve, Robin est lâché dans la nature urbaine et fumeuse de Gotham et doit échapper au Chevalier Noir qui est à ses trousses. Évidemment, le programme ne va pas se passer comme prévu et le jeune héros va se retrouver au milieu d'un trafic de la mafia locale qui va le mener à une organisation beaucoup plus dangereuse et aux événements de Robin Year One. Plutôt bien menées malgré quelques raccourcis, les deux séries qui se focalisent sur le jeune héros en herbe permettent aux lecteurs de se plonger au centre de la psyché ambivalente de Bruce Wayne et son alter-ego, Batman (ou l'inverse) : l'un apprenant malgré lui les relations père/fils qu'il n'a finalement jamais vraiment connu et l'autre voulant faire de Robin un parfait petit soldat. Mais son entêtement à vouloir faire de Robin son double miniature lui fait parfois oublier que Dick n'est qu'un enfant, ce que ne vont pas manquer de lui rappeler Alfred mais aussi Jim Gordon.

Mais Gotham City est une ville qui n'offre jamais de cadeau et c'est aussi une triste histoire d'apprentissage qu'offre Robin Année Un car si le héros est premièrement confronté à de simples gangsters de bas étages, il sera rapidement confronté à ce que la ville réserve de pire comme le sociopathe binaire Double Face. Ce parcours initiatique va donc se faire sans pitié et permettra de découvrir un Dick Grayson encore fébrile et très affecté par la mort récente de ses parents. Tout comme Bruce Wayne, sa soif de vengeance est difficile à contrôler et peut l'emmener à faire de mauvais choix.

Mais cette facette très sombre de l'histoire est mis en images par des dessins sans concessions des dessinateurs Lee Weeks et Javier Pulido. Le premier, à l'œuvre sur Batman Chronicles: The Gauntlet, offre un dessin très efficace et dynamique qui propose sur papier un rendu final très retro avec un Batman sorti tout droit des années 50, ce qui n'est pas pour nous déplaire. Il est d'ailleurs épaulé par Matt Hollingsworth aux couleurs qui participe à la saveur très proche d'un polar du titre avec des couleurs ternes et sombres. En totale opposition, Javier Pulido, qui a récemment mis son génie au service de She-Hulk chez Marvel, dépeint un univers beaucoup plus coloré et très cartoony qui n'est évidemment par pas sans rappeler l'univers visuel de Batman: The Animated Series créé par Bruce Timm. Pour autant et pour allier avec le ton sombre de Robin Year One, le dessinateur espagnol livre une prestation de qualité misant parfois sur des images dures et assez violentes, en contraste direct avec son univers graphique.

Robin Année Un est finalement un titre de qualité qui permet de plonger les lecteurs du Chevalier Noir dans son passé en redécouvrant les premiers pas de Dick Grayson en justicier en herbe. Tant au dessin qu'à la narration, l'ouvrage offre deux comic-books de qualité qui permettent, à travers le portrait du jeune prodige, de découvrir la face la plus sombre de Gotham City et ses impitoyables criminels, prêts à toutes les horreurs possibles pour s'en prendre à Batman.

Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail