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par AlexLeCoq - le 22/04/2014
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par AlexLeCoq - le 22/04/2014

Saga - Tome 3, la critique

Débutée en 2012 chez Image Comics, Saga, la série spatiale de Brian K. Vaughan et Fiona Staples avait tout de suite su nous convaincre à travers une histoire criante de sincérité et mise en page avec brio par sa dessinatrice. Arrivée en France l’année dernière chez Urban Comics, Saga revient aujourd’hui pour combler son décalage avec la parution américaine à travers son troisième tome.

La vie, en somme, c’est apprendre à savoir perdre.

Dans une galaxie lointaine, très lointaine, pas de sabres laser mais une histoire d’amour entre deux êtres, Alana et Marko. Nés sur des planètes ennemies et en guerre perpétuelle, les deux héros vont pourtant tomber amoureux et consommer leur amour pour donner vie à un enfant, Hazel, mélange symbolique des deux peuples. Évidemment, cette histoire ne plaît à aucun des deux gouvernements et les héros se voient fuir pour espérer vivre leur vie depuis le début l’aventure. Après un deuxième tome fort en émotions, Brian K. Vaughan décide d’offrir avec ce troisième chapitre un premier véritable moment de répis pour Alana, Marko, sa mère Klara et le fantôme/baby-sitter de Hazel, Izabel. Arrivés sur la planète Quietus, ceux-ci vont en effet faire la rencontre de l’auteur D. Oswald Heist, à l’origine du livre romantique dont l’histoire est presque mot pour mot celle d’Alana et Marko, et qui va leur offrir un abri. Ce troisième tome signe donc une cassure totale avec le rythme des précédents volumes puisque nos héros trouvent ici un refuge leur permettant de digérer les évènements tragiques face auxquels ils ont malheureusement été confrontés. Un moment de souffler aussi pour le lecteur. Cette pause dans le rythme est bien vue par Brian K. Vaughan qui décide ici de se focaliser sur d’autres personnages dont le Testament, Gwendolyne et la petite esclave qu’il a affranchi mais aussi deux nouveaux larons, Upsher et Doff, des journalistes à scandale qui vont décider d’enquêter sur l’histoire d’Alana et Marko puisqu’officiellement, ce dernier a kidnappé sa compagne.



Brian K. Vaugham excelle dans l’art du dialogue et le scénariste américain le démontre une nouvelle fois avec ce troisième chapitre de Saga qui offre aux lecteurs une narration fluide qui possède pourtant une incroyable profondeur et plusieurs degrés à décrypter. Si la série Image Comics se perd dans un autre système solaire, elle traite pourtant de thèmes contemporains à notre petite planète bleue comme la place d’un père dans une famille, la discrimination, la rédemption mais aussi la question de l’homosexualité, qui refile un bon nombre de boutons à Christine Boutin. C’est d’ailleurs à travers son récit que transparaît toute l’intelligence du scénariste qui sait manier et jongler entre l’humour et le dramatique pour faire briller ses propos. Une véritable écriture épurée qui sait poser les bonnes questions pour une lecture qui se révèle finalement beaucoup plus confortable dans un relié de 160 pages qu’au rythme la parution V.O, pourtant mensuel.

Mais personne ne fait pire impression que les écrivains.

La magie de Saga vient aussi de son univers visuel qui est la tâche de la dessinatrice américaine Fiona Staples. C’est d’ailleurs grâce à son trait si particulier que la série d'Image Comics possède un ressenti totalement unique. L’intérêt des pauses de parutions est totalement justifié face au résultat final puisque l’américaine rend des planches plus magnifiques les unes des autres. Que ce soit au niveau de la mise en scène ou des expressions de ses personnages, Fiona Staples fait un travail remarquable et relativement constant même si certaines rares pages sont en dessous d’autres. Si Brian K. Vaughan est le moteur de Saga, la dessinatrice en est le carburant nécessaire pour que la machine avance et roule sans encombres. Mais c’est aussi au niveau de ses couleurs que Fiona Staples rend un travail précis puisque l’artiste sait contrebalancer la violence de certains de ses dessins avec ses tons pastel et ses couleurs variées mais jamais agressives.



Ce travail est d’ailleurs mis en avant grâce à l’édition de qualité d’Urban Comics, qui offre un beau volume rélié pour l'ongoing d'Image Comics avec son format cartonné dans la droite lignée des tomes précédents. Le papier rendant parfaitement hommage au travail sur les couleurs de l’œuvre. Malheureusement, on peut pester sur l’absence de bonus, d’autant plus que le deuxième tome était, lui, ponctué de quelques croquis inédits réalisés par Fiona Staples. Pour autant chaque chapitre s’ouvre avec la couverture du numéro correspondant. Couvertures plus magnifiques les unes que les autres.

Brian K. Vaughan et Fiona Staples sont toujours incroyables et efficaces avec ce troisième tome de Saga qui est pourtant une véritable cassure dans le rythme instauré précédemment. Mais l’accalmie ne dure pas longtemps puisque le dernier tiers du volume est mené tambour battant pour finalement laissé le lecteur sur une fin redistribuant toutes les cartes pour la suite. Malheureusement, il faudra s’armer de patience avant de voir le quatrième tome des aventures d’Alana et Marko puisque Saga connait actuellement une pause dans sa parution aux USA et reprendra dès le mois de mai prochain.

 

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