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par Alfro - le 18/05/2015
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par Alfro - le 18/05/2015

Spider-Man par Todd McFarlane, la critique

La collection Marvel Icons de Panini Comics continue de proposer les grands moments de l'histoire de la Maison des Idées. Entre choix qui s'imposaient (Daredevil de Frank Miller et Spider-Man de J. M. Straczynski) et autres plus étranges (Fantastic Four de Mark Millar ?), on découvre aujourd'hui le Spider-Man de celui qui était la plus grande star des comics des années 90, juste après Jim Lee.

"Jamais, je les comprendrais, tous ces tordus."

Todd McFarlane a patiemment construit sa légende en arrivant chez Marvel. Illustrant d'abord le Hulk de Peter David puis l'Amazing Spider-Man de David Michelinie, le dessinateur devient très vite une star du milieu. Pour mieux situer l'époque, quand Jim Lee s'associe à Chris Claremont pour relancer les X-Men, il est payé l'équivalent d'un album franco-belge par page (alors que maintenant, le rapport est largement en faveur d'un album franco-belge). 24 pages par mois pendant six mois, on ne se demande pas comment il a pu s'offrir sa villa face à l'Océan Pacifique. Todd McFarlane arrive lui juste derrière le grand Lee, et ils sont à eux deux les principaux moteurs des comics dans la dynamique incroyable qu'ils ont au début des années 90. C'est dans cette optique qu'il aborde la toute première série dont il a la charge du dessin mais aussi de l'écriture.

Là, il va faire des choix plutôt osés, en prenant un point de vue plutôt sombre sur un personnage de Spider-Man qui avait été assez épargné par l'époque. Mais Todd McFarlane est totalement dans cet âge "grim & gritty", marque de fabrique des années 90. D'ailleurs, ce n'est pas pour rien qu'il va dès sa première histoire faire référence à La Dernière Chasse de Kraven, le comics écrit par J.M. DeMatteis qui en 1987 proposait un point de vue originalement sombre sur le personnage. McFarlane installe son personnage dans les grands tropes des comics de l'époque, du monologue dépressif, des ennemis particulièrement violent, des pages qui exsudent de saleté et de sang. Durant le temps de deux épisodes, de façon un peu artificielle, l'auteur rend même le costume noir à Spider-Man histoire d'encore plus appuyer sur la parternité de son run.

"Il a surmonté bien des épreuves."

Si Todd McFarlane s'inscrit dans cette tendance du Dark Age, il se livre parfois à de la caricature de ce genre. Le sang est forcément écarlate, les ruelles forcément sombres et tout le monde porte en lui sa propre folie. Si sur ce dernier point, on peut difficilement contester l'ami Todd, sa présentation fait vraiment rebellion d'un teenager bercé au Grunge. Pourtant, c'est ce qui rend l'ensemble attachant, puisqu'il porte en lui une véritable envie. Même dans les guests, Ghost Rider ou Wolverine, on sent que l'artiste les a mis là parce que cela lui faisait plaisir de pouvoir les dessiner. Avant de partir co-créer Image Comics, le futur père de Spawn livre son condensé d'amour pour les personnages Marvel et cela se ressent dans la lecture, fraîche malgré les thèmatiques sombres.

Surtout que McFarlane appartient à cette génération de dessinateurs-stars, qui ont redéfini le dessin de comics. La puissance de son trait, son obsession pour le moindre détail, son obédience punk qui transpire de partout. Le trait n'est pas académiquement "correct", il accumule les erreurs d'anatomie ou de perspective, mais cela n'importe peu puisque ce qu'il cherche à traduire est caché dans le mouvement et les imperfections. Fait amusant, la dernière histoire est un crossover avec X-Force, dont le dessin était partagé par McFarlane et Rob Liefeld (dans un format à l'italienne qui passait beaucoup plus facilement que dans un immense relié très peu maniable). Si bien que ce dernier aura quand même eu la possibilité de figurer dans un ouvrage consacré aux meilleures périodes de Marvel, malin le Rob.

Todd McFarlane avait décidé de mener Spider-Man loin de ses vannes et envolées colorées, en ce début des années 90 tout devait être sombre et inquiétant. Mission presque accomplie pour celui qui allait juste après quitter Marvel pour livrer au grim & gritty son héros ultime : Spawn. Ce volume conséquent permet tout de même de se rendre compte que toutes cette décennie de comics ne mérite pas l'autodafé d'opinion qu'on lui réserve habituellement.

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