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par Republ33k - le 16/08/2016
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par Republ33k - le 16/08/2016

Spider-Men, la critique

Lieu commun dans le monde des comic books, les réalités parallèles sont, historiquement, l'apanage de l'éditeur DC. Mais le temps de quelques opportunités éditoriales, mais surtout avec la création d'Ultimate, une version modernisée de son univers classique, Marvel commençait à lorgner vers des histoires impliquant des voyages d'une réalité à l'autre, dans lesquelles ses personnages les plus connus aller rencontrer l'une de leurs nombreuses itérations. Et évidémment, Spider-Man, sans doute le héros le plus populaire de la maison des idées, ne pouvait pas être privé d'aventures extra-dimensionnelles. L'une d'elles est l'excellent Spider-Men, que Panini Comics a eu la bonne idée de compiler dans un joli album Deluxe.

L'édition, avant toute chose, est d'ailleurs la première grande réussite de ce titre, qui malgré son histoire relativement courte, s'adapte parfaitement au format, et nous offre une lecture très agréable, ponctuée par des pages de garde entre les chapitres. L'occasion de découvrir ou de redécouvrir confortablement cette folle aventure, qui était jusque là cachée dans un fascicule devenu difficile à trouver.

Comme celui-ci, cet album vous propose, dans son intégralité, la saga aussi courte qu'efficace de Brian Michael Bendis et Sara Pichelli, duo de longue date et particulièrement à l'aise avec l'araignée, qui s'attaque ici à la rencontre entre le Spider-Man classique, Peter Parker, et sa version Ultimate, Miles Morales, qui vit dans un monde où Parker a trouvé la mort en étant vêtu de son célèbre costume. Or, le jeune afro-américain, qui succède à Parker, va donc voir son quotidien être chamboulé par l'apparition d'un autre Peter dans son univers.

Et pour peu que vous acceptiez ce pitch loufoque, et encore plus quand il est appliqué à un personnage comme Spider-Man, qui n'a guère l'habitude de voyager entre les réalités, vous montrez à bord d'un vrai manège. Rarement aussi efficace que le temps de ce crossover, Bendis parvient, en quelques mots seulement, à nous immerger dans son histoire, qui est étonnament simple là où la plupart de ses pairs sont souvent très, voire trop, compliquées.

Evidemment, cela ne se fait pas sans heurts. On aura ainsi, par moments, du mal à se faire aux réactions de certains personnages, surtout celles des plus retors, comme un certain Nick Fury. Mais toute la puissance du style de Bendis réside justement dans cette synthèse permanente, et il ne lui faut que quelques phylactères pour nous faire rire, nous divertir et même, parfois, nous toucher.

Car au-delà de son rôle de crossover en forme de rencontre épique entre deux Spider-Men, le récit vaut pour ses moments de bravoure divers et variés, comme lorsque les deux tisseurs affrontent, côte à côte, un vilain bien connu des fans. Ou lorsque Peter Parker se frotte à la réalité d'un nouveau monde, dans lequel une certaine Gwen Stacy n'a pas disparu, pour ne citer qu'un exemple.

La beauté de Spider-Men est donc de faire sauter les barrières entre les univers non pas pour travestir Spider-Man en un blockbuster intense et bas du front, mais bien pour jouer, plus précisemment encore, sur la corde sensible du lecteur, qui malgré les histoires de voyages dans des réalités parallèles, sera captivé par les émotions qui se dégagent des pages de cette belle aventure.

Ajoutez à cela la puissance des pages de Sara Pichelli, et vous obtenez un véritable immanquable pour les amoureux du tisseur. Il faut dire que le style de la dessinatrice italienne, dynamique dans les scènes d'action et tendre dans les moments plus intimes, s'entend à merveille avec la promesse de ce Spider-Men. Et Pichelli nous le rappelle dans chacune de ses planches, si bien découpées qu'elles mâchent le travail de Bendis, qui n'a plus qu'à restituer l'essence d'une belle histoire dans ses phylactères et autre monologues intérieurs.

Si sur le papier, Spider-Men a tout d'une mauvaise idée ou du moins, d'une idée qui pourrait tourner au vinaigre, ce crossover est l'une des plus belles démonstrations de force du style Bendis, appuyé à chaque planche par le trait de Sara Pichelli, toujours plus en phase avec notre héros. L'histoire est aussi amusante, drôle et touchante que les meilleures aventures de notre héros ici dédoublé, pour, effectivement, deux fois plus de fun. Un tour de force discret qui obtient enfin un écrin à sa mesure.

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