Publié de 2014 à 2015 lors de l'événement Axis de Marvel, Superior Iron Man aura mis du temps pour arriver dans nos vertes contrées. Il aura fallu deux ans pour que Panini Comics sorte l'intégralité, sous la forme d'un TPB, de la nouvelle version de Iron Man initialement publiée en neuf numéros.
Ecrit par Tom Taylor, connu pour avoir scénarisé Injustice chez DC, et avec des dessins de Yildiray Cinar, que l'on a pu voir sur Teen Titans, le comic-book s'ouvre sur un Tony Stark fraichement débarqué à San Francisco. Il vient de lancer une application mobile permettant aux utilisateurs de devenir plus beaux, plus forts, en somme de devenir meilleur et d'exacerber leur potentiel. Elle permet également à ceux qui la télécharge de gagner une confiance en soi hors norme. Pour résumer, l'auteur nous rappelle le monde dans lequel nous vivons à l'heure ou Apple et Microsoft diffusent des applications permettant de "faciliter" notre quotidien ou développent des procédés médicaux pour nous permettre de vivre plus longtemps.
Cette application est pensée et développée par un Tony Stark redevenu alcoolique et qui retombe dans les travers de sa mégalomanie. En diffusant son invention gratuitement, son créateur se rend compte qu'il a créé un besoin pour ses utilisateurs et n'hésitera pas à utiliser une mécanique économique bien connue des jeux free-to-play : faire payer une somme prohibitive au public pour qu'ils puissent continuer à profiter de leur expérience. Mais c'est sans compter l'arrivée de Daredevil à San Francisco qui comprend assez rapidement le danger éthique que représente cette application pour ses utilisateurs. L'Homme Sans Peurs doit donc se battre contre le capitalisme poussé à son degrés le plus insidieux incarné par un Tony Stark plus imbu de lui-même que jamais.
Découpé en deux arcs narratifs, Superior Iron Man est dans un premier temps un pamphlet contre le consumérisme dans lequel nous évoluons quotidiennement. À la manière des récits de science-fiction, l'auteur questionne notre rapport à la société dans laquelle nous vivons. Tout cela est amené de façon assez manichéenne, mais le récit est assez malin pour attraper le lecteur et l'intéresser. Du moins dans cette première partie.
Amenée par un twist assez facile et usé jusqu'à la corde dans l'univers des comics, la seconde partie est quant à elle beaucoup plus classique, retombant dans un archétype que l'on connait déjà chez Marvel et qui ne surprendra que très peu de lecteurs. Alors certes, les thématiques développées en amont sont toujours présentes, mais elles laissent place à une succession de dialogues d'exposition et de combats qui auraient pu être évitée en exploitant au maximum tout ce que le récit amorçait précédemment. Reste tout de même une réflexion sur le mythe de Frankenstein et de Prométhée, de la créature et de sa création qui fait tout de même plaisir et vient donner un peu plus de hauteur à la fin du récit.
D'un point de vue graphique, le dessin de Yildiray Cinar est assez inégal. On regrettera des visages assez inexpressifs dans l'ensemble, ainsi qu'un découpage des scènes laissant la part belle aux ellipses rendant la lecture assez désagréable par moments. Reste néanmoins un traitement des couleurs intéressant par GURU-eFX, permettant aux auteurs d'ammener plusieurs ambiances dans le récit et de marquer ainsi une différence appuyée entre les intrigues. Les différentes couvertures quant à elles sont plutôt réussies, même si certaines peuvent hélas, spoiler l'intrigue.
Après avoir réussi à capter notre attention grâce à un récit très actuel dans sa première partie, Tom Taylor déçoit dans la seconde moitié, la faute à une accumulation de scènes beaucoup trop classiques soulevant des thématiques moins intéressantes que précédemment.
On regrettera également le dessin de Yildiray Cinar, qui rend factice la plupart des expressions des personnages laissant l'impression de voir évoluer des poupées sans réelles âmes au fil des pages.