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par AlexLeCoq - le 8/09/2017
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par AlexLeCoq - le 8/09/2017

Superman : American Alien, la critique

Dans l'ADN de l'éditeur DC Comics, il n'est pas rare de voir des auteurs jouer avec les figures historiques de ses différents héros pour réinterpréter leur mythologie, en changer des détails et offrir de nouvelles perspectives sur leur caractérisation. Le parfait exemple de ces dernière années est probablement la gamme Earth One qui permet d'installer de nouvelles origines plus mordernes aux plus fameux des encapuchés de l'éditeur aux deux lettres.

En 2016, DC Comics a permis à Max Landis de jouer, lui aussi, cette fois avec Superman dans la mini-série en sept numéros, American Alien, qui arrive aujourd'hui en France chez Urban Comics. Pour replacer un peu le pedigree du bonhomme, l'américain est avant tout connu pour avoir suivi les traces de son papa, le réalisateur John Landis (The Blues Brothers), en atterrissant dans le 7eme art, à la manière de bébé Kal-El et son arrivée au bord d'un vaisseau au plein cœur du Kansas. Max Landis a toujours montré de l'intérêt pour le genre super-héroïque puisqu'il a notamment fait ses armes en réalisant et écrivant un court-métrage The Death and Return of Superman (avec un casting fameux). Un projet qui lui permettra de travailler avec le réalisateur Josh Trank pour lequel il a écrit le script du film Chronicle.

Le bonhomme avait donc déjà prouvé son amour pour le personnage et s'est trouvé tout à fait digne d'en réécrire les origines, beaucoup plus modernes et originales qui font clairement de ce Superman : American Alien un indispensable pour tous les amoureux du héros au S sur le torse. Un poil conceptuelle, cette mini-série explore plusieurs périodes de la vie de notre héros, de son plus jeune âge aux débuts de ses aventures sous son costume rouge et bleu. Mais il est ici question de casser un peu l'image modèle du fils de Martha et Jonathan pour une écriture beaucoup plus juste de ses sentiments, ajoutant plus de finesse et d'ambivalences. Le titre de l'ouvrage n'est d'ailleurs pas anodin puisque Max Landis change un élément assez majeur sur le personnage qui va finalement modifier grandement sa personnalité : l'absence d'information sur ses origines. En effet, le nom de Kal-El n'est jamais mentionné et c'est autour du mystère total sur sa planète d'origine que l'auteur va travailler la personnalité de Clark. Notre jeune héros est donc empli de nombreux doutes alors qu'il commence à découvrir ses nombreuses capacités, d'autant plus effrayantes qu'il n'en connait pas les limites et souffre de sa solitude en étant un étranger à une échelle planétaire.

Beaucoup plus ancré dans le réel et paradoxalement "humain", en explorant différents moments clés de son passage à l'âge adulte, Max Landis arrive à nous offrir un Clark Kent passionnant puisque fragilisé, loin de la figure christique qui le caractérise habituellement. Le Man of Steel fait des conneries, drague et teste ses limites, comme nous tous, finalement. Évidemment pour lui, la moindre erreur a des conséquences bien plus importantes. Max Landis - traduit brillament par Laurent Queyssi - offre d'ailleurs une lecture incroyablement agréable grâce à la fluidité de ses dialogues finalement très parlés, qui ne s'empêchent par parfois quelques envolées intellectuelles, notamment avec les nombreux personnages de la mythologie de Superman et DC Comics, mais aussi quelques vannes bien placées. Si le titre se focalise sur Clark Kent (plus que Superman au final), Max Landis n'oublie pas de piocher dans la boîte à jouets de l'éditeur et les amoureux de ses héros seront d'ailleurs heureux de redécouvrir des visages bien connus, notamment un certain Chevalier Noir. Et c'est d'ailleurs grâce à ces différents personnages que le scénariste réussit à coller avec l'histoire classique de DC Comics et a finalement rendre son Superman encore plus crédible en l'installant dans un univers avec lequel les lecteurs seront familliers.

Mais le génie du titre réside finalement aussi dans le découpage de ses différents chapitres, au nombre de sept, dont les titres aux noms d'oiseaux permettront finalement de suivre l'évolution du héros. Et en bon amateur de cinéma, Max Landis n'allait pas oublier d'apposer au titre son expertise du média et chacun des différents singles que composent cette intégrale est finalement un hommage à un genre de film en particulier - de Disney, au thriller en passant par le film catastrophe pour finalement se boucler par le genre super-héroïque, dans une conclusion en puissance. C'est d'ailleurs pour mettre l'emphase sur cette approche bien particulière que l'auteur a décidé de s'entourer de sept artistes, qui permettent de créer l'ambiance unique de chaque tranche de vie présenter dans l'ouvrage. Pour autant, chaque chapitre est lié aux autres et l'histoire présentée ici est bien complète.

Graphiquement, il y en aura donc pour tous les goûts puisque - dans l'ordre - Nick Dragotta, Tommy Lee Edwards, Joëlle Jones, Jae Lee, Francis Manapul, Jonathan Case et Jock se partagent la tâche pour un résultat vraiment satisfaisant. Évidemment, certains artistes s'en sortent mieux que les autres mais les affinités diffèreront finalement selon vos propres goûts. S'il faut faire une sélection, il faut tout de même avouer que j'ai une préférence personnelle pour le trait unique de Jock, le découpage de Francis Manapul et l'hypotisme incroyable des crayonnés de Jae Lee. Mais chaque dessinateur à l'œuvre permet clairement de bien démarquer son histoire et de donner une identité unique à chaque segment de la vie de Clark Kent.

Véritable relecture de Superman qui réussit à allier la sève classique d'un héros DC Comics avec une approche beaucoup plus moderne, American Alien est probablement l'origine du dernier fils de Krypton la plus jouissive de ces dernières années. En inversant finalement le propos pour présenter un extra-terrestre qui voulait être humain plus qu'un humain qui revendique sa supériorité pour protéger le peuple, Max Landis rend Clark Kent plus charismatique que jamais. Avec sa brochette d'artistes de qualité, Superman : American Alien est aussi un plasir pour les yeux. Si vous aimez Superman, jetez-vous dessus et si vous n'aimez pas le personnage, voici le comic-book qui pourra vous réconcilier avec le héros. Max Landis l'avait annoncé mais il nous tarde maintenant de découvrir quel prochain héros aura le droit au même traitement.

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