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par Republ33k - le 25/01/2016
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par Republ33k - le 25/01/2016

Superman & Wonder Woman - Tome 1, la critique

Auteur prolifique, Charles Soule à le vent en poupe ces derniers temps. Et même le retard du marché français sur les sorties américaines ne saurait nous le faire oublier. Parmi les travaux du scénariste aujourd'hui abonné aux titres Star Wars, on trouve les aventures conjointes de Wonder Woman et Superman, qui viennent d'être éditées par Urban Comics.

Et avec ce titre, l'auteur fait montre de tous ses talents, vient nous rappeler toutes ses mauvaises habitudes, et accentue plus que jamais la cloche posée par les Big Two sur la créativité de ses scénaristes les plus talentueux. Car Charles Soule et bien l'un d'entre-eux. Occupé partout (Lando, Letter 44, Swamp Thing), il ne tombe pas dans le piège de la superficialité, et tente, malgré son étiquette de faiseur de luxe, de nous offrir de vraies expériences de lecture, sincères et réfléchies.

Ainsi, Superman & Wonder Woman aura beau être un titre forgé sur l'association de deux rockstars de l'écurie DC, le scénariste n'en fait pas un gros film d'action dans la droite lignée du destruction porn de Zack Snyder dans Man of Steel. Et pourtant, il a deux dieux à sa disposition. Ecrire non pas un mais deux personnages aussi denses au sein du même série n'a rien de facile, et Charles Soule s'en tire pourtant bien.

Tout d'abord, parce qu'il ne choisit pas de rejeter la romance qui va de paire avec le titre, qui occupera une très large place au sein de ce premier tome. Et si déjà, tout n'est pas incroyable - je pense notamment aux girl talks de Wonder Woman et de ses sœurs amazones qui ont des airs de sitcom ratée - le scénariste parvient à dégager son épingle du jeu avec des tableaux touchants. Jonglant assez bien avec les échelles de puissance, jusque dans des petites blagues nerdy sur le sujet, Soule utilise ces pouvoirs incroyables comme une métaphore des difficultés rencontrées par tous les couples, et le résultat s'avère honnête et bien construit. En témoigne l'exil presque poétique de ce bon Superman sur la Lune.

Qu'on se rassure, Soule n'écrit pas non plus une comédie romantique et nous offre une bonne dose d'action et de rebondissements. Ce qui permet à l'histoire de maintenir son rythme, mais qui pousse le scénariste vers la faute. En cherchant des enjeux du côté du panthéon grec ou de la mythologie Superman, Charles Soule reste le postérieur entre deux chaises. On reconnaît une nouvelle fois quelques bonnes idées, dont l'utilisation d'un autre couple en guise de vilains, mais les on sent que le scénariste n'est pas à l'aise avec cette extension de son histoire.

Qu'elle lui ait été imposée ou non, il faut croire qu'elle ne l'inspire guère, et que les dialogues, notamment, s'affaissent au fur et à mesure de l'album. Ce qui est d'autant plus dommageable que Soule est connu pour être (très) bavard. Et les trop nombreux et trop lourds phylactères finissent par peser sur le rythme et la beauté de cette histoire. On aurait honnêtement préféré un traitement plus psychologique et moins d'action et d'exposition que l'inverse.

On pourra se consoler avec les dessins de Tony Daniel, qui selon moi fait partie de ses dessinateurs "à la Jim Lee" qui parviennent, tant bien que mal, à nous faire accepter un trait grandiloquent. Un peu lourdaud, le dessinateur nous offre tout de même un allbum plutôt joli à l'œil, et notamment une belle iconisation de ce couple mythique.

Un résultat qu'il faudra nuancer par quelques élans de flemme. Dans le détail, notamment, le dessinateur n'est pas toujours consistant, et c'est au coloriste Tomeu Morey de compenser. Dans les concept développés, également. Puisant pourtant dans l'excellent run de Brian Azzarello sur Wonder Woman, le dessinateur ne parvient pas à se hisser au niveau d'un Cliff Chiang, et nous sort, le temps d'un deus ex-machina, des armures absolument atroces pour Superman et Wonder Woman.

Une série team-up entre deux des membres de la trinité DC est assurément un travail risqué. Charles Soule, limité par la densité des mythologies Superman et Wonder Woman, et peut-être par un éditeur trop insistant quant au destin de certains personnages, s'en tire avec les honneurs. Si le titre est imparfait et souffre de sa durée, il est peuplé d'assez de trouvailles intelligentes pour intéresser son lecteur. Dommage qu'elles soient entravées par un trop plein d'action et d'exposition. Restent les dessins de Tony Daniel et l'envie de prolonger le run d'Azzarello sur Wonder Woman sous un autre angle.

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