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par Sullivan - le 6/01/2016
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par Sullivan - le 6/01/2016

Sweet Tooth - Tome 1, la critique

Devenu un auteur phare de DC Comics avant de rejoindre les rangs de Marvel et de poursuivre sa carrière chez Image Comics comme beaucoup d'autres avant lui, Jeff Lemire a tout de l'auteur à l'ascension fulgurante, lui qui brille aujourd'hui de mille feux avec Descender, son chef d'oeuvre publié à l'occasion d'Angoulême par Urban Comics.

Opportuniste, l'éditeur français de DC, Vertigo et un bon paquet de séries indés a choisi de célébrer la venue de l'auteur en terre Angoumoisine en publiant l'un de ses travaux les plus aboutis et les plus personnels : Sweet Tooth, série au long cours publiée par Vertigo entre 2009 et 2013. À noter, pour ceux d'entre vous qui lisent dans les deux langues, qu'il s'agit en français de volumes doubles et que la série comptera chez nous 4 tomes épais, contre 8 TPB aux USA. 

Gus est un enfant hybride. Mi-homme mi-animal, ce dernier n'a jamais cotoyé la société civile du haut de ses 9 ans, lui qui a été élevé dans le plus grand secret par son "père" au sein d'une forêt. Et ce que Gus ne sait pas non plus, c'est que le monde vit désormais une époque post-apocalyptique, puisque sont apparus il y a 7 ans d'autres enfants comme lui, mélanges d'êtres humains et d'animaux en tous genres. Pas besoin d'être un génie d'arithmétique, vous aurez compris que la simple existence de Gus 2 ans avant les évènements constitue la base d'un récit qui fera de la condition de son héros un fil rouge passionnant. 

Et alors que l'on avance littéralement aux côtés de Gus et du "grand costaud" qui le prend sous son aile dans une relecture vibrante même si moins familiale du classique La Route de Cormac McCarthy, nous allons nous aussi découvrir les fondements d'une société bouleversée, que l'existence même de "l'enfant-cerf" gêne au plus haut point. 

Entre chasseurs mal intentionnés, camps de rétention qui rappelent les heures les plus sombres du XXème siècle et la disparition tragique de l'innocence d'un enfant bien trop jeune pour être confronté à la cruauté des hommes, Sweet Tooth est surtout la plongée la plus totale dans l'imaginaire écorché de son auteur, lui qui assure à la fois l'écriture et le dessin d'un titre tellement personnel que l'on imagine Gus être une projection de ses propres angoisses dans une société plus politiquement correcte mais pas forcément moins violente.  

De plus, aussi dépouillé soit-il, le titre a un mérite non négligeable, celui de nous raconter une histoire qui se déroule chronologiquement et sur un rail, afin de progresser en même temps qu'un héros qui nous ramène à énormément de questionnements à mesure que son aventure évolue. Un petit bijou de finesse, à ne pas mettre dans les mains les plus sensibles, même si ce premier tome nous épargne pour l'instant quelques mouchoirs. 

Oeuvre la plus personnelle de Jeff Lemire, Sweet Tooth est un OVNI écorché vif, une fable d'amitié crue, une oeuvre post-apocalyptique qui n'accorde que peu d'importance à l'apocalypse en question, une projection des angoisses de son passionnant auteur, un travail solitaire hyper touchant, une plongée dans les pires horreurs que l'être humain est capable de commettre et j'en passe. 

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