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par Manu - le 7/11/2015
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par Manu - le 7/11/2015

The Infinite Loop - tome 2, la critique

"On attend le tome 2." Voici comment se concluait notre critique sur le premier tome de The Infinite Loop, paru en décembre dernier suite à la campagne Ulule de ses deux créateurs, Pierrick Colinet et Elsa Charretier. Depuis, cette belle histoire sur l'amour et l'homosexualité, bourrée de références à la pop culture, a eu le droit à une réédition à plus grande échelle chez Glénat Comics, en août dernier. Dans le même temps, la série et sa suite était également eu l’honneur d’une publication américain, avec un accueil très positif des lecteurs d’IDW. Le premier tome s’y découpait alors en trois numéros, puis les trois suivants allaient nous donner ce qui est sorti mercredi dans le second tome : la lutte.

Passé l’ironie des copyrights IDW présents sur les premières pages, puisque nous découvrons ce tome un mois après les USA, nous découvrons donc la suite des aventures de Teddy, dans sa lutte lancée par le premier tome. Et ce qu’on constate d’emblée, c’est que le premier tome n’était là que pour poser un univers, un style, et des personnages, qui sont réutiliser dans une course effrénée. Peu de pauses s’offrent à nous dans ce tome, et particulièrement dans le premier tiers, correspondant au quatrième des six chapitres, dans lequel Teddy est en mouvement constant à travers l’espace et le temps, créant un jeu de chat et de la souris rarement vu sous cette forme.

Le développement accéléré de l’histoire induit un effacement de certains gimmicks visuels posés par le premier tome, et qui étaient là pour poser l’univers de la série, mais Elsa Charretier vient contrebalancer cette « absence » en créant un nouveau style insistant sur la dynamique et le mouvement de ses personnages, qui ont bien pris de l’ampleur en brisant le multivers et les timelines alternatives, offrant ainsi une identité visuelle propre à ce tome. C’est intéressant de voir comme son style s’adapte à l’histoire que lui offre Pierrick Colinet, et comme l’un inspire l’autre (car c’est en réalité une histoire pensée à deux dès le début, aussi bien visuellement que textuellement, et ça se ressent dans cette symbiose).

Si le lecteur ne s’y perdra pas, les deux tomes de la série offrent donc un ton et une forme légèrement différents pour encapsuler des morceaux de vie bien distincts des protagonistes (ne vous en faites pas, on continue d’y trouver de sympathiques easter-eggs). Ainsi, après la découverte de l’amour dans le tome précédent, ce tome présente la lutte pour faire valoir cet amour aux yeux du monde, et le conserver, et ce malgré les épreuves et le jugement des autres. Le tout en insistant sur la beauté d’un amour pleinement vécu, et en confrontant les personnages et le monde à leurs propres ambivalences. Le message ne se veut pas forcément binaire mais réfléchi.

Ce qu’on peut regretter, c’est que ce tome abandonne parfois la subtilité au profit de son message, peut-être un peu trop martelé mais qui n’en demeure pas moins pertinent. Il faut d’ailleurs prendre en compte le public visé, qui se veut international dans un monde où les frontières entre les hommes n’existent virtuellement plus, mais où les différences culturelles sont toujours bien présentes. Et si le message donné raisonne déjà bien depuis des années dans les oreilles d’un public français ou européen (mais l’actualité nous rappelle régulièrement que ce n’est toujours pas assimilé), trop souvent le public américain reste piégé dans une culture verrouillée par des lobbys conservateurs, et tout message positif est bon à prendre. On sourit d’ailleurs devant cette idée des auteurs, qui rejoint les fréquentes discussions de notre rédaction, à savoir que le constat du monde tel qu’il est ne doit pas mener au pessimisme mais à l’activisme, et que tout pas vers le progrès et un monde meilleur mérite d’être fait.

Cette célébration de l’amour et du combat, plutôt que l’abandon pessimiste face à l’adversité, c’est d’ailleurs ce que rappelle Elsa Charretier dans les bonus de ce tome, qui vient nous illustrer les grandes figures des combats pour les droits de différentes minorités à travers l’histoire, nous proposer les nombreuses couvertures des différents numéros VO, mais aussi reprendre les publications de lettres des singles anglais. Les auteurs y invitaient les lecteurs à conter leurs anecdotes sur la découverte de leur propre homosexualité, dans l’espoir d’envoyer un message positif à ceux qui ne l’oserait pas. C’est l’une des grandes phrases reprises dans ce tome « Faire votre coming out est l’acte le plus politique que vous puissiez faire », citant ainsi Harvey Milk.

Pierrick Colinet et Elsa Charretier transforment l’essai après un premier tome plus que convainquant, en nous offrant une ode à l’amour, qui certes perd en subtilité, mais sent surtout très bon la passion et l’activisme. Dans un univers où la forme l’emporte parfois trop sur le fond, il est bon de trouver encore des comics faits avec le cœur et l’âme, dans le but de rendre le monde meilleur.

 

 

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