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par Sullivan - le 4/11/2015
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par Sullivan - le 4/11/2015

The Shaolin Cowboy, la critique

Auparavant publiée chez Panini Comics dans son incarnation 2004 - 2007 dont les Wachowski avaient écrit l'introduction, la légende du Shaolin Cowboy de Geof Darrow se poursuit en 2015 chez Glénat, où Olivier Jalabert vous propose de découvrir la dernière mini-série en quatre parties consacrée à la création de cet artiste si particulier, éditée aux USA par Dark Horse Comics.

D'ailleurs, si vous ne l'avez toujours pas fait, je vous encourage vivement à découvrir notre longue interview de Geoff Darrow, où il revient sur ses créations, ainsi que sur une carrière qui l'a vu croiser Jack Kirby, Frank Miller, Moebius et beaucoup d'autres.

L'histoire du Shaolin Cowboy est d'ailleurs à ne pas dissocier de son auteur. Très personnelle dans les années 2000, elle est une fois de plus l'écho de ses pensées et de sa créativité en 2013, lors de son grand retour. Ici, plus question de s'embarasser d'un embryon de scénario, l'heure est à la balade. Et la balade, c'est précisément ce qui a forgé Geof Darrow dans son enfance, en plus d'être la parfaite incarnation de son art depuis Hard Boiled, co-signé avec un autre fêlé légendaire : Frank Miller

Dans ce volume presque exclusivement muet, l'auteur nous emmène dans le désert, où l'alter-ego de Katsu Shintaro devra combattre une horde de zombies, dont le nombre semble infini. Conséquence directe de son art martial et de son arme hors du commun (une lance munie de deux tronçonneuses à chaque extrémité), il devra alors pourfendre ces incarnations à la vitalité discutable, que l'on soupçonne être la vision de l'auteur de ses plus tristes contemporains, qu'il peut littéralement pulvériser du bout de son crayon. Mais là où la série nous surprend, c'est par son épilogue d'une froideur rare, sorte de point final à un voyage qui n'ambitionnait jamais l'arrivée. Une conclusion d'autant plus forte que ce même voyage ultra-violent nous avait tellement pris aux tripes que l'on aurait presque oublié qu'une telle fin était envisageable. Le genre de bouquin qui vous fait beaucoup plus réfléchir après l'avoir refermé que pendant sa lecture, si intense soit-elle. 
 

En ce qui concerne le dessin maintenant, je ne ferai pas l'insulte à l'artiste d'essayer d'expliquer en quoi son style est unique, lui qui semble plus que jamais dans l'héritage le plus personnel de son mentor et ami Jean Giraud. On notera quand même que l'apport du numérique apporte un relief tout particulier à ses planches, qui semblent parfois moins sales (et ce n'est pas forcément une bonne nouvelle) que par le passé. 

Geof Darrow oblige, tout n'est qu'une énorme démonstration de science du découpage et de l'aspect séquentiel de la BD, lui qui touche du doigt l'animation pendant cette dizaine de double pages où le Shaolin Cowboy découpe des zombies par centaines. Une leçon du genre, évidemment. 

Comme c'est à peu près le cas dans la totalité de sa carrière, Shaolin Cowboy de Geof Darrow semblerait à ne pas mettre entre les mains. Violent, très puissant métaphysiquement, le titre est à n'en pas douter la balade la plus folle que l'auteur pouvait nous proposer. Fort d'une conclusion aussi abrupte que riche de sens, cet album est à mettre tout en haut des meilleurs OVNIs de l'année, et c'est une belle prise que nous propose aujourd'hui Glénat dans un écrin impeccable, une fois de plus.

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