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par AlexLeCoq - le 26/11/2017
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par AlexLeCoq - le 26/11/2017

The Witcher : La Malédiction des Corbeaux, la critique

Urban Comics étend aujourd'hui son champ d'édition de comics et a récemment décidé de s'attaquer au jeu vidéo avec la collection Urban Games. Cette intiative a notamment permis la publication de titres Street Fighter et maintenant The Witcher avec la Malédiction des Corbeaux. Si vous ne connaissez pas l'univers du jeu, il faut savoir que The Witcher est avant tout un roman de fantasy polonais d'Andrzej Sapkowski édité en France chez Bragelonne sous le titre Le Sorceleur.



Qu'est-ce qu'un Sorceleur me direz-vous ? Dans cet univers, les monstres sont légion et s'attaquent souvent à la population. Geralt de Riv, notre héros, est un humain qui a subi des mutations dès son plus jeune âge grâce un traitement spécial lui donnant maintenant accès à des capacités particulières. Plus agile, rapide, vieillissant plus lentement, celui qui est surnommé le Loup Blanc est donc un guerrier aguerri qui parcours le monde pour débarasser les plus offrants des monstres qui les menacent. Si la saga est aussi populaire aujourd'hui, c'est grâce au studio CD Projekt, lui aussi polonais, qui a décliné la série en jeux vidéo (avec trois épisodes) pour offrir sa propre version de la suite des romans. Le troisième épisode est sorti il y a maintenant trois ans (et reste probablement le meilleur RPG de sa génération) mais Geralt n'a pas encore raccroché ses lames puisqu'il sera de retour sur Netflix, en plus de ce fameux The Witcher : La Malédiction des Corbeaux.

Si vous êtes plus amateurs des romans que des jeux, il est d'ailleurs important de préciser que cette bande-dessinée est une suite directe de The Witcher 3 : The Wild Hunt et reprend donc l'intrigue d'une des fins du titre. Geralt a maintenant abandonné son statut d'éternel solitaire pour parcourir les plaines et occire les monstres avec sa fille adoptive Ciri, au cœur de l'intrigue des romans et du dernier jeu. 

Cet héritage pixelisée transpire directement dans l'équipe créative du titre et notamment par l'implication des deux scénaristes, aidés de Paul Tobin, Borys Pugacz-Muraszkiewicz et Karolina Stachyra, à l'œuvre sur le jeu vidéo. Malheureusement, c'est ce point précis qui plombe le rythme général du titre malgré la présence d'un quatrième laron à l'écriture, Travis Currit, pour dynamiser les dialogues. En effet, La Malédiction des Corbeaux s'appuie beaucoup trop l'expérience des deux scénaristes et propose une histoire finalement trop vidéoludique dans son développement, ce qui ne permet évidemment pas l'exploitation du plein potentiel de l'art séquentiel.

Dans cette nouvelle quête, directement inspirée de la première vidéo de The Witcher (et d'un chapitre du roman) dans lequel Geralt combat une strige, il est à nouveau confronté à l'une de ces créatures maudites. Malheureusement, l'histoire prend trop son temps et semble se dérouler comme une quête du jeu avec des sous-intrigues, des nombreux voyages pour chercher de l'équipement, du voyage... Cet aspect livre un découpage finalement hâché avec une intrigue pas inintéressante au final mais qui sent le remplissage.

Cette narration trop lente ressort assez frustrante pour le lecteur qui n'est maintenant plus que spectateur de l'action, pour un résultat évidemment moins entraînant et clairement moins maîtrisé. Malheureusement, les personnages sont aussi à l'image de cette intrigue bancale et perdent clairement de leur charisme sur écran (et en romans). Geralt, pourtant roi du cynisme, est ici finalement assez passif de sa propre histoire, et passe finalement son temps à évoquer des souvenirs, pour tenter de jouer sur la nostalgie du joueur, pour un succès moindre.

Malheureusement, la partie graphique gérée par Piotr Kowalski manque, elle aussi, de dynamise et participe à l'ambiance assez plate du titre. Son trait souffre d'un manque de détails et son découpage reste dramatiquement classique, ce qui pose finalement la question de son inspiration sur le titre. Celui-ci ne rend pas vraiment hommage à l'univers incroyable et vaste de la saga, d'autant plus que la Malédiction des Corbeaux ne nous fera pas découvrir de nouveaux environnements.



Finalement, The Witcher : La Malédiction des Corbeaux est un titre assez incipide, sans véritable incidence, ni révélation majeure qui pourrait accrocher un lecteur en manque de "Geralteries". Si on sent clairement que la série a été pensée pour prolonger l'expérience du jeu, on pourrait quand même regretter un manque clair d'ambition, d'autant plus dommageable quand deux des trois scénaristes ont planché sur le jeu, assez incroyable dans son écriture. Ce titre focalisé sur Geralt de Riv nous laisse le sentiment d'une quête annexe peu réussie, qui laissera de marbre les non-initiés et qui convaincra difficilement les fans de la saga. Dommage.

The Witcher : La Malédiction des corbeaux

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