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par Republ33k - le 20/10/2015
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par Republ33k - le 20/10/2015

Trees tome 1, la critique

En pleine expansion, le catalogue Indies d'Urban Comics, qui progressivement, devient la vraie mine d'or de l'éditeur, s'offrait la semaine dernière l'une des dernières créations de Warren Ellis (Transmetropolitan), une série initallement parue chez Image, Trees, illustrée par Jason Howard.

Le futur. Un futur très proche. Le monde tel que nous le connaissons a toutefois disparu il y a une dizaine d'années, lorsque d'immenses structures aliens, que l'humainté à surnommé les arbres, se sont posées à la surface de la Terre. Invasion, colonisation, destruction ? Rien de tout ça. Les arbres sont littéralement restés plantés là, et depuis des années, les hommes et les femmes se sont habitués à leur présence.

Mais cela ne veut pas dire que la présence des arbres soit inoffensive pour autant. Là où il élisent domicile se créent des immigrations de masse, des villes de non-droit - ou au contraire, des villes totalement libérées - et des plateformes militaires stratégiques. Sans rien faire, les arbres agissent donc sur le monde. Et dans un premier temps, c'est tout ce qui intéressera Warren Ellis.

Ce premier temps, c'est assurément l'intégralité de ce premier tome, Warren Ellis étant connu pour ses longues installations. Et Trees ne fera pas exception, puisqu'en refermant ce premier album, vos questions seront loin d'avoir trouvé des réponses. La construction de l'univers de Trees reste malgré tout passionnante, le scénariste utilisant la passivité de ces fameux arbres pour se lancer dans de multiples essais sur le monde, ce qui donne au récit une saveur très philosophique.

Ce qui était déjà le cas dans Transmetropolitan. Seulement, Warren Ellis s'est visiblement calmé, et remplace le brûlot et le pamphlet par la méditation et la contemplation. Et malgré ce changement d'outils, le scénariste est toujours aussi pertinent : chaque chapitre, eux-mêmes fragmentés en petits récits concernant nos (très) différents personnages, est l'occasion de revenir sur des sujets très variés comme la géopolitique, la place des femmes dans notre société, la construction du genre, et j'en passe.

En revanche, ce que le récit de Warren Ellis gagne en palette philosophique et en richesse intellectuelle, il le pert en consistance scénaristique, et les chapitres peuvent parfois paraître vides d'enjeux. Retombant adroitement sur ses pattes en ménageant les révélations, l'auteur parvient à nous maintenir captivés, même si le rythme, très lent, et la structure, très libre, pourront désorienter les lecteurs les moins accorchés.

Heureusement, le scénariste peut compter sur les superbes planches de Jason Howard pour plonger le lecteur dans cette aventure philosophique teintée de science-fiction. Connu pour des titres tout à fait improbables comme Super Dinosaur ou The Astounding Wolf-Man, le dessinateur est parfaitement à l'aise avec l'ambiance développée par Trees, et lui offre le soutien parfait, celui qui transcende son rôle d'accompagnateur, et vous fait arrêter la lecture pour mieux admirer les planches devant vos yeux.

Je pense notamment aux pages de garde des chapitres qui se poursuivent dans leur voisine avec une fluidité dingue. Les personnages, les différents décors, les designs - des arbres, mais aussi des véhicules futuristes, discrets mais bien là - tout est réussi et l'union des deux artistes donne à ce premier tome de Trees une apparence unique.

A dix euros les huit premiers numéros (soit huit chapitres et près de 200 pages) Trees est un véritable cadeau de Noël en avance signé Urban Comics, qui a soigné l'édition de cet album déjà remarquable sous sa forme brute. Un must, qu'il faudra peut-être réserver aux plus littéraires des lecteurs.

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