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par Arno Kikoo - le 16/10/2017
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par Arno Kikoo - le 16/10/2017

Weavers, la critique

Il faut croire qu'Ankama aime bien piocher dans les mini-séries produites chez Boom! Studios. Après le sympathique Curse publié le mois dernier nous arrive aujourd'hui Weavers, titre écrit par Simon Spurrier, illustré par Dylan Burnett et publié outre atlantique il y a une bonne année. Un récit de gangsters on ne peut plus noir qui ramène avec lui une grosse dose de fantastique et d'horreur pour un mélange de genres assez savoureux.

Agir pour le bien de tous

Dans Weavers, le jeune Sid Thyde a rejoint le gang du même nom, groupe mafieux ultra-violent aux méthodes plus que discutables, qui a la main mise sur la côte Est des États-Unis. Une mafia assez particulière puisque chacun de ses membres est possédé par une araignée qui lui donne des facultés particulières, et relie chacun dans une sorte de supra-organisme dont chacune des parties n'oeuvre que pour un bien commun. Sid et ses nouveaux camarades gardent pourtant leurs envies et leurs problèmes, mais les ingérences de "la toile" prennent de plus en plus d'importance. Dans ce contexte particulier, Sid essaie de comprendre qui a mené l'attentat qui l'a poussé à se retrouver dans cette galère, alors que chaque membre des Weavers, malgré la doctrine de groupe, semble servir ses propres intérêts.

Simon Spurrier nous propose dans les six numéros de cette mini-série une intrigue de polar qui n'aurait pas grande originalité sans sa proposition horrifique/fantastique. On se passionne en effet pour le background que développe l'auteur autour des Weavers, leur façon de fonctionner, le développement des pouvoirs et la façon dont chacun doit faire avec l'esprit de groupe qui est, en vérité, imposé. La galerie des personnages environnant passe par des archétypes du genre lorsqu'on parle de gangsters : le chef de clan qu'il vaut mieux ne pas défier, la femme fatale, l'homme de main hyper brutal, etc... Le tout remanié avec une sauce particulière, et une écriture qui fait que l'on s'attache à chacun très rapidement. Sid doit faire ses preuves dans le clan, tout en poursuivant son investigation, qui le mènera dans un territoire trouble où le doube-jeu est partout, entre loyautés personnelles, travers amoureux et ambitions de pouvoir. 

Les thèmes du pouvoir, de son addiction, et de son exercice sont d'ailleurs très présents dans le récit de Spurrier. L'avantage du concept de Weavers est que la clé de ce pouvoir n'est en surface pas dépendante d'une volonté propre aux personnages, et ceux-ci doivent donc s'affranchir d'un certain déterminisme pour accomplir leur but. Ceci s'illustrera notamment par une quantité de retournements de situation qui emportent le lecteur pour son plus grand plaisir. D'autant plus que le tout se mâtine très bien avec des explosions horrifiques que les fans de genre accueilleront à bras ouverts.

Dylan Burnett, un nom à retenir

Le mélange des genres tenu par le script de Spurrier est en effet très bien illustré par Dylan Burnett (qu'à titre personnel, je ne découvre que maintenant). Burnett a officié principalement pour des titres chez des éditeurs indépendants et pour la revue Heavy Metal. Ses propositions artistiques pour le concept de Weavers font partie des forces du titre ; qu'il s'agisse du rendu des pouvoirs de chacun, des designs pour les personnages qui leur permettent à tous d'accentuer leur personnalité, ou des scènes les plus violentes, on en prend plein les mirettes. Notamment grâce à l'utilisation de couleurs vives aux teintes parfois fluo qui donnent une ambiance à la Hotline Miami et autres tendances graphiques du genre. L'utilisation des ombres est là aussi très maîtrisée, cachant certains éléments pour mieux les révéler par la suite, ou mettant simplement en exergue le côté inquiétant des pouvoirs conférés par les araignées.

On pourra malgré tout faire quelques reproches sur le plan artistique, et notamment quelques soucis de perspectives liés au trait du dessinateur, qui a parfois tendance à montrer des personnages à plat dans un environnement pourtant en trois dimensions. Un léger détail dans ce qui reste un ensemble de planches très satisfaisant.

Une nouvelle fois, Ankama nous propose une agréable surprise avec Weavers, récit de gangsters mâtiné d'horreur et de fantastique. Très rapidement, le script de Spurrier et la patte graphique de Burnett entraînent le lecteur dans une lecture haletante. Une mini-série qui se lit agréablement ; et si Weavers ne va pas révolutionner le genre, le titre est clairement à conseiller pour les amateurs du genre. 

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