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par Sullivan - le 17/11/2015
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par Sullivan - le 17/11/2015

Wytches - Tome 1, la critique

Titre phare d'Image Comics en V.O et déjà présenté au public français grâce au Free Comic Book Day, Wytches débarque enfin dans son plus écrin chez nos libraires préférés, avec la promesse d'un Scott Snyder retrouvé. Et si vous faites partie de ceux qui attendent le "retour" scénariste de Batman (dont le Tome 7 vient également de sortir chez Urban Comics) à son meilleur niveau, soyez rassurés : ce dernier va ici attaquer l'un de ses sujets favoris : la paternité. 

Lire aussi : L'enfant est le père de l'homme. Surtout chez Image Comics.

Écrit à l'époque où nous avions eu la chance de nous poser longuement avec l'auteur pour évoquer son métier, sa relation à ses personnages et sa vie en dehors des comics, Wytches comporte énormément des questionnements du Scott Snyder avec qui nous avions longuement échangé. Névrosé depuis qu'il est père par la responsabilité d'un tel rôle et la vacuité de son emprise sur ses progénitures, le protégé de Stephen King va alors se rappeler à son mentor et transposer toutes ses idées au sein d'un titre en forme de catharsis, pour celui qui ne peut pas réellement s'attaquer à de tels sujets au cours de ses travaux mainstream, "sans en déformer l'essence" selon ses propres termes. 

Wytches, c'est une histoire de sorcyères, d'abord. C'est une histoire de père, ensuite. Vécue à travers le prisme de sa fille et de ce dernier, l'histoire déroule son intrigue avec toute la science de la narration fantastique héritée par un Scott Snyder qui semble plus que jamais dans son élément. Malsain, suintant et opressant, le titre ne joue pas la surenchère de gore pour mieux nous écoeurer, mais va au contraire se complaire à jouer sur le plan de la torture psychologique, ponctuée par quelques sévices physiques plus crispants que spectaculaires. 

Hyper personnel, le titre ne l'est pas que grâce au statut de père dépassé, puisqu'il puise son inspiration géographique directement dans l'enfance de l'auteur, qui l'explique très bien lors d'une série de post-faces que l'on est très heureux de voir traduites pour les besoins de son édition française - qui, on le rappelle, ne vous en coûtera que 10€, c'est preque un cadeau. L'auteur va en effet puiser dans la forêt de son enfance et ses abres menaçants pour mieux ancrer son récit horrifique dans le réel, au coeur d'une région relativement reculée des USA, ne faisant que renforcer l'aspect d'isolement à tous les niveaux offert par le titre.

Fidèle compagnon de Snyder depuis leurs brillants travaux sur Detective Comics, Jock n'en finit plus de briller, et offre une leçon de son style le plus abstrait, sans jamais verser dans la compliquite aigüe, par un découpage trop rigoureux par exemple. Hyper fluide, traité avec un soin hallucinant et un procédé qui vous sera, là aussi, totalement développé dans les bonus, le style du britannique le plus cool de l'illustration fait une fois de plus mouche, d'autant qu'il parvient à s'approprier l'ambiance de son acolyte comme s'il avait lui-même grandi au coeur de ces bois anxiogènes. On ne va pas le se cacher : j'ai très hâte de découvrir sa gestion du désert, comme le promet le premier teaser du retour de Wytches pour sa "seconde saison".

Édité à la perfection et proposé à 10€ seulement, Wytches n'est pas qu'une très bonne affaire du mois de novembre, c'est aussi l'un des meilleurs comic-books d'horreur de cette année. Fin, puissant par son propos et diaboliquement beau, le titre de Scott Snyder et Jock fait honneur au pedigree de ses auteurs, qui profitent de leur incartade chez Image Comics pour se lâcher et produire un excellent titre indé'. Une fois de plus. 

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