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par Republ33k - le 7/10/2016
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par Republ33k - le 7/10/2016

Zenith - tome 1, la critique

Il fut un temps où Grant Morrison n'était pas la super-star des comic books qu'il est aujourd'hui. C'est presque difficile à croire tant le bonhomme s'est imposé partout où il est passé, de DC à Marvel en passant par de petits bijoux plus indépendants comme We3. Mais aujourd'hui, c'est bien de l'un de ses travaux de jeunesse dont il est question : la série Zenith, originellement parue chez 2000 AD, qui voyait le scénariste écossais se familiariser avec le concept de super-héros.

Issue d'un magazine britannique, la série puise ses racines dans le climat politique, culture et social de son époque, qui sera indissociable du récit principal, tant Morrision adresse, point par point, la réalité de l'histoire ou de l'actualité britannique dans ses pages. Zenith s'ouvre d'ailleurs sur un épisode en pleine seconde guerre mondiale, qui prend un cours légèrement différent de celui que nous connaissons puisque l'introduction de super-humains va radicalement changer la réalité du conflit.

Bien heureusement, les Alliés finissent toutefois par l'emporter, grâce aux efforts d'une première génération de super-héros. 20 ans plus tard, au plein cœur des années 1960, Zenith est le dernier représentant de cette catégorie de surhommes, et un reflet bien dérangeant de leur héritage. Immature et rebelle, Zenith a marketé son image et s'en sert pour vendre des disques de rock. On reconnaîtra là la fascination de Morrison pour le quatrième art, qui servira de toile de fond à son histoire.

D'abord simple à suivre, celle-ci passe vite de la simple uchronie à base de super-héros à une intrigue métaphysique dans la lignée des obsessions de son scénariste, fasciné par les dimensions parrallèles, les mondes alternatifs et bien d'autres réjouissances du genre depuis toujours. Zenith s'embarque ainsi dans une lutte contre la race des Lloigors, une espèce qui vit "entre les plans" et menace la Terre depuis la seconde guerrre mondiale. La faute à de foutus nazis fascinés par les sciences occultes, regroupés sous la bannière de l'ordre du soleil noir - qui a véritablement existé.

Le lecteur se retrouve ainsi pris dans un mélange pour le moins unique qui rassemble les canons super-héroïques, des influences britanniques, des ambiances musicales et des enjeux complètement éthérés. Et si tout ça menace de s'écrouler comme un château de cartes dans les premières pages de cet album (et dans des passages plus flottants tout au long de l'album) le mélange de Morrison finit par prendre, et on commence à apprécier la folie des idées de l'auteur et la pertinence de ses réflexions sur le monde.

Cependant, associées au rythme plutôt soutenu de l'intrigue, ces histoires d'envahisseurs venus d'autres dimensions, de super-héros à la retraitre et de surhommes nazis peuvent dérouter, ou donner l'impression d'avoir affaire à un Watchmen plus britannique et dopé au LSD. Pour sûr, les fans de l'auteur apprécieront, mais les autres risquent d'être un peu perdus, d'autant que Morrison, encore jeune, nous livre parfois des arcs narratifs très décousus.

En revanche, on imagine que tout le monde saura apprécier la qualité du dessin de Steve Yeowell (Les Invisibles), inspiré par des concepts assez tarés signés Brendan McCarthy (qu'on a récemment vu à l'œuvre sur Mad Max : Fury Road). Entièrement en noir et blanc, cet album nous offre de très jolies planches et une ambiance unique, un essai qu'Urban Comics transforme avec une très belle édition, digne de son superbe travail sur Morrison, qui avait commencé dès les débuts de l'éditeur dans notre beau pays.

Superbe porte d'entrée sur l'imaginaire débordant et chaotique de Grant Morrison, Zenith est également un joli comic book britannique en noir et blanc, bourré de réfexions sur l'histoire du Royaume-Uni et sa culture. En revanche, sa lecture peut dérouter tant la réinvention du concept de super-héros par l'auteur écossais jure avec les standards de l'industrie d'hier et d'aujourd'hui. Mieux vaut connaître l'auteur avant de se lancer, mais grâce aux bons soins d'Urban Comics, on parie que vous êtes déjà un peu familiers avec le sorcier écossais !

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