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par Elsa - le 23/04/2015
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par Elsa - le 23/04/2015

Angélique tome 1, la critique

À l'évocation d'Angélique, on pense à l'imagerie désuette et kitch laissée par les films dédiés à la Marquise des Anges, adaptations cinématographiques des romans d'Anne Golon. Le trait 'manga' et très doux de Dara fera peut-être croire aux premiers abords que cet Angélique fraichement paru chez Casterman se destine aux enfants. C'est tout le contraire...

Jeunesse d'une héroïne.

Milieu du XVIIème siècle. Angélique est une des filles de baron de Sancé de Monteloup. Sa famille a beau être noble, elle ne brille plus vraiment par sa richesse et les dettes s'accumulent pendant que le château tombe en ruine. Cela ne gâche pas vraiment la joie de vivre de la jeune fille, qui s'épanouit bien plus dans la forêt alentour que sous les règles très strictes qui régissent la demeure familiale. 

Le fisc demande des comptes, la guerre fait rage et les temps sont durs. Dans sa condition de femme dans une société qui ne leur laisse que peu de place, Angélique est condamnée à subir... C'est sans compter sur son caractère bien trempé et son immense besoin de liberté. Ce premier volume nous raconte ce moment de la vie de l'héroïne où elle bascule de l'innocence de l'enfance aux émotions plus troubles de l'adolescence.

D'une époque sombre aux Lumières.

Cet Angélique signé Olivier Milhaud et Dara est une adaptation fidèle des romans de l'oeuvre d'Anne Golon, treize romans narrant quarante ans de la vie de son héroïne, saga historique aux enjeux toujours actuels, mettant en scène une femme bien décidée à s'émanciper et à vivre la vie qu'elle aura choisi. Ne vous fiez donc surtout pas à vos préjugés, cette bande dessinée s'adresse à un lectorat adulte.

La rigueur historique est de mise, et ne souffre d'aucune légèreté. Les premières pages donnent le ton, annonçant un récit sombre, dur et violent, l'héroïne évoluant dans une période particulièrement difficile de l'histoire.  Les pillages, les meurtres, les viols, sont une réalité qui n'est pas épargnée au lecteur. Le format manga choisi par les auteurs leur permet de développer leur histoire, de prendre le temps de mettre en place les enjeux et les relations entre les différents personnages, et de faire doucement évoluer Angélique. Les dialogues sont parfois denses mais toujours fluides, permettant de bien comprendre le contexte historique, et les dangers qui pèsent sur la famille et ceux qui les entourent, tout en rendant également les personnages très attachants.

Au-delà du côté historique, les auteurs abordent aussi des thématiques toujours actuelles sur la place des femmes dans la société. Anne Golon confronte Angélique (un personnage féminin dans un contexte historique réaliste) à de nombreux obstacles, qui lui feront remettre en cause l'ordre établi. Le Siècle des Lumières n'est plus très loin, et l'auteure en raconte les prémices à travers cette héroïne.

On retrouve donc au dessin le talentueux Dara, notamment connu côté librairie pour le manga Appartement 44, mais qui a aussi plus que prouvé son talent dans un grand nombre de publications côté fanzine et auto-publication. Son trait est beau, rond et plein d'énergie. Ce choix d'un dessin manga pour ce type d'histoire peut surprendre, mais il apparait une excellente idée, permettant à la fois de donner beaucoup de place à l'expressivité des personnages, et contrebalançant sans le minimiser le côté très violent du récit avec un dessin plus léger. Nul doute qu'un dessin très réaliste aurait rendu plus difficile la lecture d'une histoire longue, dense et sombre.

Angélique est donc une bonne surprise. Une adaptation réussie (qui a su séduire Anne Golon elle-même) qui devrait plaire aux lecteurs des romans originaux comme aux amateurs de saga historique. Un titre original et maitrisé, à la fois captivant et richement documenté.

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