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par Alfro - le 29/04/2015
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par Alfro - le 29/04/2015

Assassine, la critique

Assassine est une bande dessinée qui était sortie initialement sortie chez Casterman en 2004 dans leur collection Romans. Elle ressort aujourd'hui en couleur pour lancer Place du Sablon, une nouvelle filiale du Groupe Paquet qui veut se concentrer sur les classiques du franco-belge.

"Simon ? Tu es sûr que ça va aller ?"

Assassine ne laisse aucun doute dès son titre, nous sommes face à un vrai polar qui respecte tous les codes du genre. Sombre et langoureux. L'histoire nous présente Simon Davenport, un violoniste qui a perdu sa femme deux mois auparavant dans un accident. Quoique, ce dernier point va justement être celui qui va tout remettre en cause puisque lorsqu'il découvre une photo de sa femme à la fenêtre de sa maison dans le journal de la veille, il commence à douter, perdre pied et devenir obsédé par ce mystère. Cet état d'esprit fièvreux va habiter autant le personnage principal que le récit.

Patrick Delperdange est un romancier rompu aux techniques de narration qui va s'amuser à morceler son récit pour brouiller les cartes. Il s'amuse avec le lecteur, en mettant à la suite des scènes qui semblent ne pas être connectées en premier lieu, en découpant sciemment le fil conducteur pour que nous perdions prises sur la réalité en même temps que cet homme qui recherche désespérément la vérité autour de la mort de sa femme. D'ailleurs, il va grandement s'amuser à brouiller les cartes des genres, insufflant le doute sur la part de fantastique qui habite cette BD. Surnaturel ou manipulation ? Voilà la question que l'on se pose alors que Simon poursuit sa quête.

"Elle ne va pas revenir, tu sais."

Pour habiter ce récit déjà étrange, Delperdange convoque toute une galerie de personnage qui transporte avec eux leur lot d'étrange et de mystère. Notamment le propriétaire de l'hôtel atenant, Casper Delorme, qui va vite devenir une sorte de danger obsédant pour notre héros. Avec des propos presque incohérents, où se mêlent mysticisme et interprétation de Nietzche à la ramasse, il semble être le seul à avoir des réponses sur la mort de la femme de Simon. Ce personnage fait avancer le récit tout en épaississant un mystère dont nous n'avons jamais les tenants et aboutissants.

Ce récit ciselé et très bien pensé est servi par le découpage virtuose d'André Taymans. Le dessinateur belge peut s'exprimer à fond avec cette histoire morcelée, s'amusant à créer le décalage entre l'image d'une scène et la narration d'une autre. En revanche, on voit très bien que ces planches ont été conçues pour être lues en noir et blanc, et la colorisation, si elle n'est pas mauvaise, n'apporte rien, voire dessert le dessin.

Assassine est un polar inquiétant, qui suinte le mystère et la manipulation. Le héros s'agite devant nous, ne réalisant jamais que son obsession l'enfonce peu à peu dans un filet périlleux. Cette ambiance lourde est servie par un dessin intelligent et une narration originale. Classique et efficace.

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