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Archive 9ᵉArt
par Republ33k - le 8/02/2016
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par Republ33k - le 8/02/2016

Automne, la critique

Récompensé par le prix de la Révélation du Festival International de la Bande-Dessinée d'Angoulême en 2013, Jon McNaught est à l'honneur chez Dargaud en ce début d'année, qui voit plusieurs titres du jeune auteur anglais être réédités, dont ce très bel Automne.

La troisième des saisons de l'année étant régulièrement associée à la nostalgie, il n'est pas étonnant de découvrir, après avoir osé ouvrir un livre aussi doux à l'œil qu'au toucher, deux récits teintés de spleen. Automne réunit en effet deux histoires, certes différentes, mais qui renvoient aux mêmes sentiments et aux mêmes sensations. D'un côté, le quotidien d'un employé de la maison de retraire d'Elmview, de l'autre, celui d'un jeune livreur de journaux du côté de la rue de Nettlefield.

Un charme tout britannique sublime ces deux tranches de vies dont la simplicité n'a d'égale que l'efficacité. Automne se laisse dévorer dans une lecture presque masochiste, tant son goût est doux-amer. Etonnament, les mots et les dessins de McNaught parviennent à nous faire avaler cette pilule de nostlagie brute, parfaitement taillée dans un art séquentiel exemplaire.

En effet, les deux histoires qui composent cet album sont de véritables bijoux de neuvième art, qui témoignent, avec tous les outils à leur disposition, de la puissance du média et de sa narration séquentielle. Soulignant tour à tour l'ambiance ou les émotions de ses histoires, Jon McNaught brille par un découpage inspiré, dont l'excellence est quasi-académique.  Un constat presque ironique étant donné l'ascension fulgurante du jeune auteur, qui peut toutefois déjà se vanter d'assurer comme les plus grands.

Maintenant, la structure d'Automne et de ses deux histoires tient plus de l'expérience de lecture que de la découverture pure d'une intrigue, et du plaisir de la suivre. En ce sens, l'album est quelque part entre l'essai sur la bande-dessinée et une expérience contemplative, ce qui pourra repousser certains lecteurs pour en attirer d'autres.

Dans tous les cas, ils risquent d'être happés par le trait doux et les merveilleuses couleurs de Jon McNaught, qui saisissent parfaitement l'esprit nostalgique et le spleen associés à la période automnale.

Automne risque d'en dérouter plus d'un, comme pour mieux fasciner tous les autres. Savant mélange d'excellence séquentielle et de puissance émotionnelle, l'album de Jon McNaught est un concentré de nostalgie qui se laisse pourtant dévorer comme toutes les grandes bande-dessinées.

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