Illustration de l'article
Critiques
Archive 9ᵉArt
par Republ33k - le 11/02/2015
Partager :
par Republ33k - le 11/02/2015

Balles Perdues, la critique

Déjà disponible depuis le 21 janvier dernier, Balles Perdues célèbre l'arrivée de Walter Hill, le réalisateur derrière la caméra de 48 Heures ou de Wild Bill, dans l'univers de l'art séquentiel. Tout a commencé par une rencontre entre le réalisateur et le scénariste Matz sur le tournage du film Du Plomb dans la Tête, avec Stallone, durant lequel le français parvint à arracher à Walter Hill un projet n'ayant jamais vu le jour à l'écran, qui devient donc un bel album cartonné du côté de chez Rue de Sèvres.

Qu'on se le dise, on ne trouvera rien de bien original dans Balles Perdues. Comme nous le mentionnions, le projet trainait dans les cartons du réalisateur, habitué des hors-la-loi en tous genres depuis un moment, et son adaptation par Matz ne le transcendera pas. Seulement, ce qu'il y a de bon avec ce polar aux allures de film de gangster, c'est qu'il embrasse totalement les archétypes du genre, sans la moindre concession, la moindre hésitation. À ce titre, il n'est pas surprenant de découvrir, en ouvrant les pages de Balles Pedues, un anti-héros taciturne comme Roy Nash, sorti de prison pour traquer les assassins d'un jeune mafieux plein d'avenir. Vous en conviendrez, les enjeux ne volent pas très haut mais heureusement, à cette trâque vient se mêler une histoire d'amour typique du roman noir, notre anti-héros n'étant vraiment pas décidé à renoncer à sa belle, qu'il a dans la peau.

Une fois ces deux intrigues établies, Balles Perdues se laisse lire vite et bien, prenant soin de divertir le lecteur à grands coups de fusillades et autres répliques percutantes. Pas de doute, Matz connaît son sujet sur le bout des doigts, lui qui a traité des ambiances bien sombres avec Le Tueur, Du Plomb dans la Tête ou encore Le Dalhia Noir. Les personnages agissent incontestablement selon les codes du film de gangster et du roman noir, pour moins de surprises, mais plus d'immersion : les amoureux du genre tomberont la tête la première dans cette Amérique de la Prohibition qui ne fait pas dans la dentelle.

Il faut dire que le scénariste est plutôt aidé par le dessinateur, Jef, qui a parfaitement compris l'ambiance à restituer et le ton à donner. Femmes fatales, décors de western sur le tard, mitraillettes Thompson et gueules de gros durs sont donc de la partie, pour notre plus grand plaisir. Mais outre sa compréhension et sa parfaite illustration du genre, le dessinateur nous offre quelques tableaux absolument dingues en forme de pleines et doubles pages. Ses couleurs, qui se limitent à des tons sépias  sont également très appréciables, et donnent à l'album une vraie patte, d'aucun diraient, une photographie.

Mais malgré toutes ces qualités, l'album a du mal à décoller. Il ne le fera d'ailleurs jamais, en fin de compte, puisque Balles Perdues à les défauts de sa plus grande qualité : son envie de coller à tous les archétypes du genre lui interdit toute forme de surprise ou de fantaisie. Seul le final parvient à frôler l'originalité en étant particulièrement abrupt. Mais dans l'ensemble, Balles Perdues se lie les poings en étant d'une fidélité extrême à ses différentes inspirations que sont le roman noir ou le film de gangsters à l'américaine.

Très vite prisonnier de ses références, Balles Perdues est un album qui abandonne toute originalité au profit d'un amour sincère pour le genre. La patte Walter Hill prend ici l'apparence d'un hommage vibrant au film de gangster, et le scénario de Matz poursuit dans ce sens. Restent les dialogues, percutants, les magnifiques de dessins de Jef et cette compréhension totale du genre, qui ravira ses fans et les amateurs de polars musclés à base de gros bras vêtus d'un long manteau et d'un Stetson.

Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail