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par Arno Kikoo - le 15/06/2018
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par Arno Kikoo - le 15/06/2018

Batman : The Dark Prince Charming Tome 2, toujours aussi beau et plus réfléchi

Après une entrée en matière qui nous avait autant charmés par sa partie graphique que déçus sur le plan de l'histoire, le second tome du Batman d'Enrico Marini s'offre aujourd'hui à nous. L'occasion de conclure une aventure éditoriale intéressante, à la croisée des genres et des formes de la bande dessinée.

Un récit coincé par sa longueur

Batman est toujours à la recherche du Joker, qui a kidnappé une jeune fille, supposément la fille de Bruce Wayne. Retenue en otage, elle ne sera libérée qu'à une seule condition : la remise d'un très beau diamant, que le Clown Prince du Crime souhaite offrir à Harley Quinn en guise de cadeau d'anniversaire. En un peu plus de soixante-dix pages, Marini ne peut pas proposer intrigue plus étoffée que ce qu'il avait amorcé dans le premier tome. On se retrouve donc avec une course contre la montre menée tambours battants, efficace dans la maîtrise de la narration, qui s'accélère au fur et à mesure que l'action s'enchaîne, mais qui se permet également quelques rebondissements plus ou moins attendus. Surtout, l'auteur s'amuse avec une double confrontation contre le Joker, en utilisant les deux versants de sa némésis : un Chevalier Noir très remonté ainsi qu'un Bruce Wayne en civil presque impuissant. L'occasion, comme souvent, de disserter sur quelle partie du personnage est véritablement celle cachée sous un masque.

La recette adoptée par Marini reste dans les grandes lignes sensiblement la même. Le but est de se faire plaisir aux yeux (et on y revient après, mais c'est réussi), et d'apporter quand même une petite touche d'originalité dans ce court récit. Il s'agit évidemment du personnage d'Alina, cette jeune fille qui sert de moteur à l'intrigue, espiègle et qui ne rechigne pas dans l'adversité, et qui offre un twist en fin de volume qui à la fois semble un peu trop facile, et en même temps, permet de revoir sa lecture avec un certain angle. Parce qu'on comprend les comportements de Bruce ainsi que celui du Joker dans une toute autre perspective, et cela souligne l'abnégation que met le premier à sauver toute personne possible, comme la folie du second à mettre la vie en danger de qui bon lui semble. Difficile d'en dire plus sans spoiler un élément important, mais preuve est que Marini utilise bien les personnages qu'on lui a donnés. 

Car à côté, certains écueils sont à nouveau présents. Et bien que l'artiste et auteur soit habitué à une certaine façon de dessiner les femmes, certains passages sont un peu gratuits (cette Harley qui s'adonne au sex food, vraiment ?) et quelques punchlines forcent un peu le ton. À titre de comparaison en revanche, l'écriture fait moins dans la décoration que sur le premier tome : Marini a ici plus à raconter, plus d'interactions à développer. En définitive, le scénario se permet une petite originalité, l'ensemble reste efficace compte tenu du format. On aimerait que le tout soit plus développé, mais avec la contrainte, on reste assez satisfait. Sauf sur cette fin, un peu facile tout de même. 

Un plaisir pour les yeux

L'argument de vente principal reste le dessin de Marini. Et l'on sera bien content de profiter du format hybride de cet album de The Dark Prince Charming, comme pour le premier, un poil plus grand que les comics VF habituels, pour contempler la maestria qu'exerce l'artiste sur ses planches. Il y en a pour tous les goûts, pour ceux qui veulent contempler Gotham City, pour les poses parfois dynamiques, parfois lascives des personnages, avec toujours une recherche de l'esthétisme, de la beauté du corps et de son idéalisation tel que le veut la culture du comic book, mais aussi celle de la bande dessinée de nos contrées. Le mélange est on ne peut plus adéquat et Enrico Marini est clairement un artiste tout trouvé pour ce projet Batman.

On apprécie la représentation que l'artiste nous fait de sa Gotham City, la façon dont ses personnages évoluent entre les cases, le choix des ambiances colorées très distinctes, que l'on soit du côté du Joker et ses troupes ou de Batman et son alter égo civil, ambiances qui finissent par se rejoindre. Marini soigne ses dessins, et la mise en couleurs à l'aquarelle est du plus bel effet. En d'autres termes, le voyage graphique est vraiment plaisant et offre une vraie personnalité, qui permet au Dark Prince Charming de marquer une vraie différence avec la façon de faire avec les productions régulières de DC Comics. Et c'est certainement ce qui pourrait vous convaincre de vous procurer l'album.

Batman : The Dark Prince Charming Tome 2 ne change pas la recette de son premier chapitre. On y revient surtout pour profiter du très beau rendu d'Enrico Marini, qui réussit toutefois à proposer quelques pistes intéressantes dans une histoire qui reste agréable sans rester renversante. Au final, l'expérience se montre globalement positive et mérite d'être retentée avec d'autres artistes estampillés franco-belge. Preuve est que Batman n'a pas à se limiter qu'à une seule façon de faire de la BD. Dargaud, DC, vous avez clairement une carte à jouer ! Le second tome de ce diptyque est disponible dès aujourd'hui au prix de 15 euros.

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