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par Elsa - le 26/05/2016
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par Elsa - le 26/05/2016

Buck - La nuit des trolls, la critique

La couverture superbe, étrange, sombre et poétique attire l'oeil. Les amateurs de la collection Métamorphose se sentent déjà un peu chez eux. Adrien Demont, déjà remarqué l'an dernier avec Feu de paille, fait son entrée dans la collection avec Buck - La nuit des trolls.

Terrible nuit.

C'est la nuit des trolls. Que tous se calfeutrent dans leurs chaumières et prient pour l'âme des enfants qui n'ont pas eu le temps d'être baptisés. Le crépuscule n'épargnera personne. Yaude et Helga en ont douloureusement fait l'expérience : les trolls ont remplacé leur petite fille par une des leurs. Que faire de l'ignoble créature qui grogne maintenant dans le berceau de Selma

C'est alors que Buck, dont on ne saurait dire si c'est un chien portant une cabane sur son dos, une cabane aux airs de chien ou encore un chien-cabane vient chercher refuge auprès du vieux couple. Plutôt que de le recueillir, Helga l'envoie ramener la petite troll auprès des siens et récupérer son enfant. Il est leur seul espoir alors le vaillant Buck part accomplir sa mission.

Pénombre et légèreté.

Il règne sur cette étrange bande dessinée une atmosphère de contes anciens, à l'époque où on ne les édulcoraient pas. Il fallait faire suffisamment peur aux enfants pour qu'ils n'osent s'aventurer dehors la nuit et non les faire rêver. 

Il y a ce dessin d'abord. Absolument superbe. En début d'ouvrage, l'auteur dédie Buck à la mémoire du peintre Theodor Kittelsen. L'univers graphique de la bande dessinée prend en effet sa source dans le travail du peintre. Les personnages et les décors sont beaux, dans le trait comme dans leurs détails minutieux. Chaque case regorge de poésie, de tendresse et de pénombre aussi. D'ailleurs, si elle fait partie de l'identité de ses pages, l'omniprésence du noir qui vient tout recouvrir comme le ferait le crépuscule a un côté un peu frustrant : il nous empêche de savourer complètement la majesté des personnages que l'on croise, notamment les affreux trolls. Avec aisance, l'auteur nous plonge dans une atmosphère particulière et fascinante. Tout est vraiment beau mais aussi, et c'est encore mieux, rempli de petits détails inattendus qui mériteront une seconde lecture pour explorer les cases. 

L'histoire nous entraine elle aussi dans une ambiance de conte ancien... mais parvient à nous surprendre avec beaucoup de malice. Il est certain que le lecteur sera un peu désarçonné : le dessin et l'atmosphère sont grandioses, les références aux contes anciens ont également ce côté très sérieux... Mais les talents de conteur d'Adrien Demont transforme cette histoire en un récit léger, surprenant et souvent très drôle. Dans la gestuelle des personnages, dans les rebondissements, dans les dialogues (où Buck reste toujours muet), partout perce un humour malicieux, souvent savamment absurde, qui se joue des codes du conte. L'auteur s'amuse et se joue de nos repères. On croit être en terrain conquis, pouvoir savourer une histoire où l'on se sent presque comme chez soi et voilà que l'auteur fait souffler une fraicheur inattendue sur les pourtant froides nuits norvégiennes. Voilà une bande dessinée qui nous prouve avec beaucoup de talent que poésie et humour peuvent faire bon ménage, même au beau milieu de monstrueuses montagnes.

Le nouveau petit bijou de Métamorphose est un conte à la fois sombre et léger. Adrien Demont rend hommage aux contes scandinaves et à l'oeuvre de Theodor Kittelsen avec malice et poésie.

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