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par Republ33k - le 22/03/2016
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par Republ33k - le 22/03/2016

Café Budapest, la critique

Alfonso Zapico est un auteur de bande-dessinée qui avait commencé sa carrière dans des domaines bien différents, dont l'édition de titres jeunesse, la publicité et le web, avant de rejoindre les quotidiens La Nueva Espana et Les Noticies, en tant que dessinateur de presse. Après une première BD intitulée La Guerre du Professeur Bertenev, il s'attaque, avec ce Café Budapest, à une romance sur fond de drame historique, qui explore les origines du conflit entre Israël et la Palestine.

Un programme assez dense, qui pose un premier problème : mieux vaut s'intéresser un minimum au sujet de base pour pouvoir plonger dans cette bande-dessinée, qui par ailleurs, met quelques pages avant de démarrer, ou en tous cas, d'expliciter le point de vue qu'elle portera sur l'apparition - récente, nous sommes en 1947 - d'Israël, et la situation qu'elle provoque dans les rues de Jérusalem, où Yechezkel, un violoniste hongrois, vient de rejoindre son oncle, propriétaire d'un café qui brasse des clients de toutes origines et de toutes confessions.

Au milieu d'une époque folle et fanatique, la beauté de l'histoire d'Alfonso Zapico est en effet de proposer un vrai message d'universalité à travers ses deux personnages principaux : le jeune Yechezkel, un violoniste un peu perdu, et son oncle, Yosef, ancien anarchiste qui a laissé sa foi derrière lui depuis quelques temps déjà. En respectant les croyances de chacun, l'auteur espagnol développe ainsi un message qui incite à la réflexion, et au calme, alors que les événements eux, sont précipités par des escalades de violence.

Avec pas mal de justesse et des gaufriers assez inspirés, Zapico parvient ainsi à saisir dans toute sa stupidité l'opposition entre la Palestine et Israël, sans jamais céder aux amalgames ou aux stéréotypes, qui auraient simplifié sa narration. En ressort un récit assez lent, construit méthodiquement et plutôt lourd en pagination, mais juste. En ouvrant les pages de Café Budapest, on profitera ainsi d'une vraie compréhension historique, comme d'un vrai sens philosophique.

En ce sens, cette BD, pourtant centrée sur un sujet épineux, est tout à fait réussie. Et les dessins de l'auteur l'accompagnent très bien. S'il faut quelques pages avant de s'habituer à son style résolumment très presse, il convient de remarquer qu'il fait mouche, et permet de fluidifier, sans euphémiser, la complexe thématique abordée.

A réserver aux curieux ou aux amateurs de bande-dessinée historique, Café Budapest est un très bon album, fruit d'une jolie recherche, dans l'aspect historique comme narratif des choses. Les personnages, les situations et les événements sonnent justes, et nous permettent de comprendre, sans heurts et sans caricatures, la complexité des relations entre la Palestine et Israël.

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