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par Elsa - le 6/05/2018
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par Elsa - le 6/05/2018

Calpurnia tome 1, la critique

L'éditeur Rue de Sèvres profite de sa filiation avec L'Ecole des Loisirs pour inviter des auteurs de BD à adapter certains de leurs titres à succès. Cette fois-ci, Daphné Collignon met en image Calpurnia.

Une naturaliste en herbe.

Calpurnia vit au Texas, nous sommes en 1899. Son père possède une fabrique de coton. Elle a onze ans, six frères, et vit avec ses parents et son grand-père qui l'intimide beaucoup. Comblant l'ennui des journées d'été interminable, elle se prend de passion pour l'observation de la nature qui l'entoure. Et seul son grand-père semble être à même de répondre à ses questions.

Alors elle prend son courage à deux mains et va parler avec cet homme taciturne et étrange, souvent enfermé dans la bibliothèque. Et il va très vite remarquer le potentiel scientifique de la jeune fille.

Une bd aussi belle que la nature qu'elle nous fait visiter.

Adaptation en bd par l'immensément talentueuse Daphné Collignon du roman de Jacqueline Kelly, ce Calpurnia est une bande dessinée tout public, c'est à dire adaptée à un lectorat jeunesse mais que les adultes auraient tort de bouder, qui accompagnera à merveille les journées qui s'allongent. C'est un livre, d'ailleurs, à mi-chemin entre la BD et le livre illustré. Daphné Collignon nous plonge dans cet ouvrage hybride, très chapitré, entrecoupé aussi de fiches explicatives comme sorties du carnet de la jeune héroïne. D'abord, son petit monde tourne autour de sa famille, ensuite elle se passionne de plus en plus pour la forêt qui entoure la maison, et ses plus petits habitants. Mais ses frères et leur soudain intérêt pour les filles viennent semer d'embûches son paisible quotidien. Comment être tranquille quand trois d'entre eux font les beaux yeux à sa meilleure amie ? Et que dire de Harry, son frère adoré, le plus âgé d'entre eux, qui s'éprend d'une jeune femme et passe ses journées les yeux dans le vague, un sourire bête collé sur les lèvres ?

C'est une héroïne attachante, à mille lieux des clichés. Curieuse et brillante, Calpurnia se rêve en naturaliste, à une époque où les jeunes femmes de bonne famille étaient essentiellement promises à devenir de bonnes épouses. D'ailleurs, si sa mère concède beaucoup de libertés à ses frères, la jeune Calpurnia, que tous appellent Callie, doit profiter du moment de la sieste pour s'échapper et être enfin libre, loin de ses cours de broderie et de piano. Ce personnage oscille entre une naïveté toute enfantine et une maturité qui lui attire les faveurs de son grand-père, quand le reste de sa famille feint de ne pas voir ses capacités.

Et si l'histoire est touchante, passionnante et très riche, il y a aussi, bien sûr, le trait sublime de Daphné Collignon, qui se prête si parfaitement à cet univers entre élégance et nature sauvage. Chaque case est un régal, chaque planche émerveille, et le mélange entre BD et livre illustré ajoute encore au plaisir. Comment le dire autrement qu'avec autant d'enthousiasme ? Daphné Collignon est assurément l'une des dessinatrices actuelles parmi les plus talentueuses. Son trait qui se faisait si séducteur et troublant dans Sirène, Avant l'heure du Tigre ou Tamara de Lempicka se fait ici plus joyeux, plus malicieux et ajoute en poésie et en légèreté au récit de Jacqueline Kelly. Il y a un peu de magie là-dedans.

Si les adaptations de roman en bd fleurissent à n'en plus finir, ce Calpurnia est un sans faute comme on en voit rarement. C'est beau, plein d'émotion, drôle et passionnant. On trépigne d'impatience en attendant le tome 2.

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