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par LiseF - le 29/03/2018
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par LiseF - le 29/03/2018

Ceux qui restent, le côté sombre de l'aventure

Enfant, on est nombreux a avoir rêvé de s'enfuir dans un autre monde. Découvrir un passage secret menant à un royaume caché derrière la bibliothèque, partir à la suite d'une créature magique dans un monde enchanté... C'est la thématique classique de Peter Pan mais aussi d'oeuvres plus récentes comme Harry Potter par exemple. Tout ça c'est bien beau mais... Et les parents dans tout ça ? Comment vivent-ils la disparition inexpliquée de leur enfant ? Et même s'ils savent ce qu'il est devenu, que répondre à ceux qui posent des questions sur cette disparition ? C'est à cette question qu'ont décidé de répondre le scénariste Josep Busquet et le dessinateur Alex Xöul avec leur one shot, Ceux qui Restent.

Quand le petit Ben part à l'aventure

On suite l'histoire de la famille de Ben : une famille toute simple, avec deux parents qui adorent leur petit garçon et vivent heureux dans leur appartement. Un jour une drôle de créature, un wumple, se glisse par sa fenêtre pour lui faire une folle demande : il lui propose de venir dans son monde, sauver un royaume en danger ! Comme beaucoup d'enfants, Ben rêve d'aventure et ni une ni deux, il accepte. Ils s'envolent alors vers la lune, laissant la chambre du garçon vide.

Dans les histoires classiques, on suivrait Ben jusqu'à ce royaume magique et on suivrait avidement ses formidables aventures. On le verrait affronter un dragon, récupérer une épée de légende et rencontrer un peuple fantastique. Mais on n'est pas dans une histoire classique : nous, on suit les parents. Et au réveil lorsqu'ils retrouvent la chambre de leur fils vide, le cauchemar commence.

Dans un premier temps, c'est la compassion qui anime les voisins et le public. Ils les aident à chercher, collent des affiches partout, leur témoignent du soutien. Le couple ne perd pas espoir et continue les recherches même au bout de plusieurs mois, malgré les recommandations de la police. Alors quand Ben revient, la joie est immense pour les parents. Il raconte des histoires bizarres d'aventures fantastiques, mais ses géniteurs mettent ça sur le compte du choc. Le temps passe et le gamin continue à raconter ces choses bizarres. A tel point que la police et le public commencent à se méfier... Quand Ben disparait pour la seconde fois, la compassion n'est plus au rendez-vous : tout le monde soupconne ses parents, et leurs alliés disparaissent peu à peu.

C'est là qu'apparait l'APEA, une association pour les parents dont les enfants sont partis à l'aventure. Hé oui parce que des mondes magiques, il y en a plein ! Et les parents, une fois qu'ils ont compris que leurs enfants ne racontaient pas n'importe quoi, ont décidé de se serrer les coudes.

Une histoire dramatique derrière de folles aventures

Vous l'aurez compris, on ne va pas rigoler avec Ceux qui restent. On a envie de suivre Ben et le wumple à la découverte de ce monde magique. Parce que la ville elle est bien grise, bien ennuyeuse, bien... Réelle. De fait, on ressent vraiment la tristesse des parents et la douleur de l'absence. Même une fois qu'ils comprennent que leur fils ne ment pas, il y a toujours cette amertume : le petit garçon choisit sans arrêt de repartir, malgré la douleur de ses parents, avec finalement un certain égoïsme. Aborder une histoire fantastique d'un point de vue réaliste c'est très malin.

Le pitch fait d'ailleurs penser à Birthright qu'on retrouvait également chez Delcourt, où un gamin disparaissait et revenait en adulte guerrier. Sauf qu'ici c'est l'inverse : quand Ben part trois mois, il pense s'être absenté seulement quelque semaines. De fait, ses parents vieillisent alors qu'il reste un enfant. Et peu à peu, cette réalité n'a plus rien à voir avec la sienne.

Si le concept est vraiment intéressant et bien traité, on peut reconnaître quelques défauts à Ceux qui restent. Une grosse partie de l'album se déroule avec une voix off et sans bulles, de fait on a un peu de mal à s'attacher aux personnages. Sans compter que les expressions faciales sont très peu travaillées, ce qui ajoute à ce problème. Les graphismes par contre sont vraiment jolis : les couleurs sont travaillées et certaines pleines pages et double-pages sont magnifiques. On sent que Alex Xöul se plait à dessiner les villes et les bâtiments.

Ceux qui restent est sans contexte un très bon ouvrage : le pitch est intéressant et bien mené, l'histoire va loin et même si c'est triste, c'est captivant du début à la fin. L'album souffre de quelques petits défauts cités plus haut mais dans l'ensemble, c'est un excellent one shot à retrouver au prix de 20 euros chez Delcourt.

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