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par Elsa - le 9/06/2014
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par Elsa - le 9/06/2014

D. Tome 3 - Monsieur Caulard, la critique

La trilogie D. s'achève, et si la fin d'une bonne série est toujours un peu triste, elle l'est d'autant plus ici puisque Bruno Maïorana, son dessinateur, a annoncé sa retraite d'auteur il y a quelques jours...

Avant D., Alain Ayroles et Bruno Maïorana avaient déjà collaboré sur l'excellente série Garulfo.

Monsieur Caulard...

D. commençait avec Richard Drake, fougueux explorateur obligé d'arpenter les soirées londoniennes dans l'espoir d'y obtenir le financement de sa prochaine expédition. Il y faisait la rencontre de Miss Catherine Lacombe, et tombait instantanément sous son charme. Mais il n'était pas la seule à convoiter la belle, et le mystérieux Lord Faureston se révélait des plus entreprenants.

Peu à peu, l'intrigue s'étoffait de nombreux autres personnages, aux intentions plus ou moins louables. Car si cette série s'appelle D., c'est qu'entre les lignes, il est question d'un certain comte... Et Richard Drake aura besoin de tous ses talents de chasseur pour traquer quelques sombres créatures aux canines acérées.

...et Comte Dracula.

Hommage à la littérature vampirique anglaise du 19ème siècle, l'oeuvre de Bram Stoker en tête, D. nous emmène dans le faste des soirées londoniennes de l'époque, mais aussi dans le secret des chambres, où il n'est pas question de conter fleurette, mais plutôt de se repaître du sang de ses proies. Au fil des trois tomes, Richard Drake va devoir se fier à son instinct d'aventurier, mais également à l'étonnant Mister Jones, sage employé de banque qui ambitionne de devenir chasseur de vampire. Difficile de démêler le vrai du faux, les légendes et la réalité, quand tout échappe à son contrôle.

La petite étincelle de malice qui illumine de Capes et de Crocs et Garulfo (deux des séries scénarisées par Alain Ayroles) manquera peut-être à certains lecteurs. D. est plus âpre, plus sombre, plus dense aussi. Riche et fort de personnages particulièrement intéressants, le format court de la série empêche peut-être un peu de s'y attacher véritablement. On aurait aimé prendre le temps d'apprendre à mieux les connaitre. Pour autant, D. n'en reste pas moins un récit particulièrement bien construit, riche en rebondissements, et vraiment fidèle à l'ambiance des romans auxquels la série rend hommage. Une atmosphère subtile et qu'il était loin d'être évident d'adapter en bande dessinée, où l'image enlève forcément au mystère provoqué par les mots, et la seule évocation.

L'image justement. Les planches signées Bruno Maïorana sont très belles. Le trait est fin et élégant, les décors riches en détails, les personnages pleins de caractères, et la mise en scène est particulièrement captivante. On pourra cependant regretter une mise en couleurs un peu trop simple, qui fait souvent perdre de sa subtilité au trait. Pour autant, le soin tout particulier apporté à la gestuelle et aux expressions des personnages, presque théâtrale, leur donne une densité intéressante, et apporte beaucoup à l'ambiance souvent oppressante de la bande dessinée.

Ce troisième tome, conclusif, apporte de nombreuses réponses, mais prend auparavant le temps de développer encore ses personnages, de les faire évoluer. Si certains détails restent un peu troubles, compte tenu du nombre d'intrigues développées en seulement trois tomes, cette fin est vraiment plaisante, et sa construction parfaitement maîtrisée. Difficile d'en attendre moins d'un des meilleurs scénaristes actuels, évidemment. Les planches, bien qu'un peu affadies par une mise en couleur qui aurait mérité d'être plus subtile, restent captivantes et particulièrement riches.

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