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par Republ33k - le 25/08/2016
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par Republ33k - le 25/08/2016

Delilah Dirk et le Lieutenant Turc, la critique

On ne saurait trop où le classer entre comic book pour ses origines et franco-belge pour les territoires qu'il visite et l'esprit qui s'en dégage, mais Delilah Dirk, le bébé de Tony Cliff, vaut assurément le détour. Et ça tombe bien, Akileos a décidé de rééditer ce titre aventurier des plus savoureux.

Un timing des plus appropriés, d'ailleurs, puisque Disney vient de s'offrir les droits de cette série de bande-dessinée en prévision d'une adaptation. Il faut dire que l'objet a tout d'un récit typique de la maison aux grandes oreilles. Dans le bon sens du terme, rassurez-vous. Delilah Dirk, c'est en effet l'aventure sous sa forme la plus pure, décomplexée et insouciante.

Une approche parfaitement synthétisée dans le personnage principal, une mystérieuse jeune femme répondant au nom de Delilah Dirk, donc, qui a vécu aux quatre coins du globe, pour se former auprès des meilleurs maîtres d'armes, académiciens et spécialistes en tous genres, au début du dix-neuvième siècle. Bouillonant mélange, l'héroïne va débarquer dans la vie d'un lieutenant turc, un certain Erdemoglu Selim, qui d'abord contre son gré, puis fasciné par la folle énergie de Delilah, va suivre la jeune femme dans ses péripéties.

Au programme, vol de trésors, bataille au cœur d'un palais de Constantinople, pirates et même bateaux volants, dans une ambiance très légère, qui n'est pas sans rappeller une version dix-neuvième de la littérature pulp, où notre héros peut résister à tout et se permettre les acrobaties les plus audacieuses ou les gags les plus loufoques. Aussi, s'il faut quelques temps avant de saisir le ton de Cliff, son histoire se dévore à une vitesse folle, et nous charme par sa légèreté et sa fraîcheur.

Il faut dire que les dialogues sont plutôt très fluides, même une fois traduits, que les blagues fonctionnent bien - elles sont parfois très visuelles - et que l'auteur parvient à transmettre son goût de l'aventure dans son héroïne comme chez le lecteur, qui va automatiquement d'identifier à Selim, d'abord largué puis séduit par l'appel de l'extérieur - c'est au passage l'occasion de proposer des héros qui sortent de l'ordinaire et offrent une jolie dose de progressisme au lecteur.

La lecture se veut d'autant plus fluide que le découpage est savant. S'il reste très classique dans ses gauffriers, Tony Cliff fait preuve d'une jolie segmentation, très dynamique, qui taille une place de choix à l'action. Petite et discrète réussite du côté de la narration séquentielle, Delilah Dirk en met hélas un peu moins la vue sur le plan technique. On sent trop souvent que l'œuvre est le fruit d'un seul homme, et les planches, les visages et les détails manquent ainsi parfois de finitions.

Pour peu que vous soyez prêts à accepter le contrat de base, celui d'une aventure loufoque et pleine d'entrain qui utilise le début du dix-neuvième siècle comme bac à sable, vous risquez de passer un très bon moment. Sans rien réinventer ni rien sublimer, ce premier tome - et il sera de même pour le suivant - a ce charme typique d'un pulp croisé avec la curiosité d'un Tintin, qui en fait une lecture des plus rafraîchissantes, parfaite pour les jeunes lecteurs.

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