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par LiseF - le 17/08/2018
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par LiseF - le 17/08/2018

En roue libre : une histoire touchante au milieu des barres d'immeubles

La rentrée littéraire a beau approcher à grand pas, on n'est pas encore dedans. Du coup, les sorties BD ne se bousculent pas au portillon. Mais ça tombe bien, parce que ça me laisse le temps de lire les albums sortis il y a quelques mois, que je n'ai pas encore eu le temps de dévorer ! Et j'avais vraiment envie de lire En roue libre, scénarisé par Gilles Rochier et dessiné par Nicolas Moog. En fait, je n'avais encore jamais lu de Gilles Rochier. C'était un auteur qui m'intriguait beaucoup et j'avais adoré son exposition au festival d'Angoulême. Du coup, je me devais de lire En roue libre sorti en mai chez Casterman. Et j'ai adoré !

En fauteuil roulant dans la cité

Dans En roue libre on suit un père de famille plutôt placide qui vit dans un immeuble au beau milieu d'une cité. Il est pote avec un homme, Tonio, à qui il manque une jambe et qui doit se déplacer en fauteuil roulant. Et... C'est pas simple. Tonio souffre tous les jours de devoir se déplacer en fauteuil, quitte à en devenir aigri. Notre personnage principal va tenter d'éclaircir un peu sa vie en passant du temps avec lui, en lui payant des sodas (parce que la bière à onze heures du matin, il vaudrait mieux arrêter), mais voilà. Pour Tonio, c'est difficile, et c'est comme ça.

Et les choses ne vont pas aller en s'arrangeant puisqu'au début de l'album, il apprend qu'on va devoir lui couper l'autre jambe. Adieu les chaussures, les mini-escapades sur un pied, bientôt il sera cul-de-jatte comme il le dit lui-même, et rien que cette perspective le fait s'enfoncer encore plus dans la déprime, malgré le soutien de son ami.

Une tranche de vie si bien racontée

Même si ce n'est pas son seul sujet de prédilection, Gilles Rochier est fort pour raconter la banlieue. Dans La petite couronne chez Six pieds sous terre, il racontait déjà le quotidien de ceux qui y vivent. Et là encore, la banlieue est en toile de fond, omniprésente dès la couverture avec ses immeubles jaunes et noirs en surimpression.

Ce qui m'a touchée en premier lieu dans cette BD, c'est son identité graphique : le coloriste Jiip Garn travaille tout en nuances de couleurs, avec du gris et du bleu pour les séquences se déroulant dans le présent et des teintes plus orangées, façon sépia, pour les souvenirs. Ces couleurs donnent à l'histoire un aspect un peu triste mais doux aussi. Quant au trait de Nicolas Moog, il est hyper expressif et on a l'impression de ressentir exactement ce qu'il veut qu'on ressente.

L'autre truc qui m'a touchée, ce sont les dialogues de Gilles Rochier. Il fait parler avec justesse ces personnages de banlieue : le registre n'est pas soutenu, artificiel, mais il ne tombe pas non plus dans le cliché avec une overdose de mots en verlan.

L'histoire est entrecoupée de séquences de souvenirs, où on suit le jeune Tonio avant qu'il soit en fauteuil roulant. On découvre un casse-cou, un trompe-la-mort qui a plusieurs fois failli perdre sa jambe avant que ça arrive vraiment. Cette façon de maintenir le suspense au détour de l'histoire principale, fonctionne hyper bien. Si bien qu'on aurait carrément envie d'en voir plus ! C'est le seul point négatif que je vois dans cette BD. Cette équipe créative est impeccable, et on aurait envie de suivre un peu plus longtemps Tonio et son pote...

Même si c'est quatre mois après sa sortie, je suis finalement bien contente d'avoir lu En roue libre. On m'avait dit que Gilles Rochier était fort, on ne m'avait pas menti. Si vous avez envie d'une belle découverte avant la rentrée littéraire, foncez, l'album est disponible au prix de 20 euros chez Casterman.

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