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par Alfro - le 24/06/2015
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par Alfro - le 24/06/2015

Eternum - Tome 1, la critique

L'équipe créative de Carthago Adventures revient, mais avec cette fois-ci un tout nouvel univers, une création originale de A à Z. Pas de surprises cependant, ils font encore dans la science-fiction à large échelle avec cet Eternum. Une nouvelle série qui débute aujourd'hui chez Casterman.

"Parait que vous avez trouvé un truc dans la galerie effondrée ?"

Dès ses mots de remerciements au début de l'album, Christophe Bec (qui est ici scénariste) annonce que cet album est inspiré par plusieurs films classiques de la SF des années 80. Les deux premiers Alien, 2010 : L'Année du Premier Contact, Outland ou encore Life Force. C'est effectivement ça. Mais cela détermine aussi la limite entre l'inspiration ou de la réutilisation pure et dure des concepts. Car le scénario d'Eternum semble être la somme de ces inspirations. Avec l'époque déjà, un futur assez lointain où l'humanité a réussi à coloniser sa galaxie pour exploiter les ressources des autres planètes pour sauver une Terre qui est en train de mourir. Or sur l'un de ces mondes lointains, on va découvrir un mystérieux artefact extraterrestre. Oui, comme dans Alien.

Il serait sarcastique que l'intro' en elle-même rappelle Prometheus, surtout que les designs de Jaouen sont de la chantilly pour les yeux, mais presque chaque scène ensuite parait être une transposition où la réécriture d'une scène d'un des films sus-nommés. Gênant, tant tout le reste de l'écriture est maîtrisée : la narration éclatée, qui convoque une légion de personnages, rappelant l'immensité de l'univers qui se déploie devant nous, est savamment dirigé par Bec. On pourrait presque dépasser cette impression de déjà-vu si le twist qui dévoile ce qui ce cache dans un sarcophage (et qui détermine toute la fin de l'album) n'était pas lui aussi très attendu. On se sent comme Denzel Washington dans un film de Tony Scott.

"... et leur apporter en silence toutes les douleurs."

Comme souvent dans la science-fiction en franco-belge, on est face à un univers immense et complexe, qui a largement été pensé en amont et qui dévoile peu à peu sa richesse. Surtout qu'encore une fois, visuellement Jaouen fait des merveilles et joue très bien avec les concepts de son scénariste. D'obédience Hard Science, l'album est rempli de petits détails qui vont dans le sens de cet univers cohérent. Par exemple, les ondes ne pouvant pas par définition aller à la vitesse de la lumière, Skype c'est pas possible dans l'espace. Ce n'est rien, mais cela rajoute de la solidité à un univers que d'avoir un équipage qui doit attendre plusieurs heures pour recevoir des ordres.

Cet univers complet influe aussi sur la narration, puisque chaque page est extrêmement foisonnante avec un grand nombre de cases et de longs dialogues. C'est à chacun d'avoir ses préférences quant à ce style de narration, mais reste que l'on aurait tout de même apprécié quelques respirations, avec des planches qui auraient permis d'en prendre plein la vue. Qu'à cela ne tienne, les cases fouillées renforcent l'atmosphère oppressante, à la Alien (promis, j'arrête le troll), qui refuse de s'ouvrir sur le space opera.

Faire une BD référencée au cinéma SF des annes 80, c'est bien. Proposer un peu plus, aurait été mieux. Eternum est une histoire maîtrisée de bout en bout, à laquelle, malgré des dessins magnifiques, il manque juste un supplément d'idées, quelque chose de vraiment neuf, pour qu'elle sorte du lot d'un pan du franco-belge qui a bien souvent tendance à tourner en rond.

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