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par Republ33k - le 15/01/2018
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par Republ33k - le 15/01/2018

Ira Dei - Tome 1 : l'Or des Caïds, la critique

Faut-il encore présenter le duo composé de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat ? S'ils ont eu quelques aventures en solo au fil de leur ascension dans le monde de la bande dessinée franco-belge, on les connaît surtout pour leurs projets communs. À savoir Block 109, leur seconde guerre mondiale uchronique qui leur a permis de s'installer dans le milieu, Chaos Team, leur essai à une culture plus comic book dans l'âme, et plus récemment le Roy des Ribauds, qui a confirmé le duo comme un tandem à suivre dans les librairies. Et sans surprises, leur ascension se poursuit cette semaine, cette fois chez Dargaud, avec Ira Dei.

Sicile, 1040. Les armées de Byzances cherchent à conquérir la ville de Taormine, qui résiste encore et toujours à son siège. Les Arabes tiennent bon, mais les armées du chef de guerre Harald vont pouvoir compter sur une troupe de mercenaires menée par un certain Tancrède. Aussi efficace qu'instable, cet atout dans sa manche sera le héros de cette nouvelle histoire inspirée par l'Histoire. Un premier point qui risque d'en décevoir certains : si les fans du duo connaissent bien son amour pour les faits réels, on pourraient regretter que ce nouveau récit soit une nouvelle fois ancré dans un contexte médiéval.

Automatiquement, Ira Dei contient donc quelques points communs avec Le Roy des Ribauds. Quelques pages d'apprentissages sur l'environnement et la situation politique de l'époque et un leader tout de suite présenté comme charismatique, par exemple. Mais heureusement, les ressemblances se limitent au décor. Très vite, l'originalité pointe le bout de son nez, et on se retrouve avec une histoire très prenante, sorte de Suicide Squad médiéval riche de personnages hauts en couleur.

C'est dans sa galerie de personnages qu'Ira Dei trouve sa première grande qualité. Vincent Brugeas n'en est pas à son coup d'essai pour inventer des personnages badass ou rendre familiers les personnages historiques les plus complexes. Mais on constate que ce premier tome fait l'effort de creuser dans les origines de plusieurs protagonistes, dont le verbeux Tancrède. On s'attache donc très vite à cette troupe dysfonctionnelle, comme si le lecteur était l'un des hommes que le mercenaire menait au combat.

Évidemment, si le scénario est palpitant et que l'intrigue se nourrit d'éléments historiques très consistants, le dessin n'est pas en reste. Les amoureux du coup de crayon de Ronan Toulhoat, toujours plus nombreux, en auront encore pour leur argent. Les planches sont superbes, leur découpage, précis (quoi qu'un peu trop sage après Le Roy des Ribauds), et les couleurs, elles aussi gérées par le dessinateur, rendent parfaitement le contexte méditérranéen du titre. Et l'association des talents des deux bonhommes nous laissent parfois l'occasion de confondre les cases de cette nouvelle BD avec un plan de cinéma bien construit, baignant dans une lumière orangée, symbole des sanglants combats à venir, comme de leurs récompenses dorées.

Dans l'ensemble, Ira Dei se dévore donc avec la férocité caractéristique des mercenaires normands mis en scène dans ce premier tome. Incisive, brutale, bien construite et souvent spectaculaire, la nouvelle série de Dargaud témoigne du savoir-faire acquis par ses deux auteurs au fil des années et nous promet une aventure palpitante à suivre dans les mois à venir. L'année 2018 commence bien. Et le premier tome est disponible au prix de 14 euros.

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