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par LiseF - le 9/01/2018
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par LiseF - le 9/01/2018

Jamais, une histoire aussi attendrissante que poignante

Entre les Chiens de Pripyat, Le Cimetière des Innocents et Jamais, les sorties se bousculent chez Grand Angle en ce début d'année ! Et c'est de ce dernier titre dont je vais vous parler aujourd'hui : Jamais raconte l'histoire de Madeleine, une vieille dame aveugle qui vit dans une maison perchée sur une falaise au dessus de la mer. Sauf que la falaise s'érode et Madeleine est en réel danger. Le maire du village fait tout ce qu'il peut pour la faire partir afin de la mettre en lieu sûr mais rien à faire : Madeleine tient à sa petite maison.

Jamais est une BD tantôt mignonne, tantôt drôle, tantôt triste, tantôt poignante. Et c'est un sacré tour de force de nous faire ressentir autant d'émotions en 56 pages. Ce tour de force on le doit à Bruno Duhamel, qui signe ici le scénario et le dessin. Ce n'est pas le premier album solo de l'auteur, déjà à l'origine de Le Retour, aussi chez Grand Angle.

Une mémé nostalgique

Madeleine n'a pas une vie facile : aveugle de naissance, la vieille dame a longtemps coulé des jours heureux avec Jules, son mari. L'homme est pêcheur, et passe de nombreux jours en mer. Et à chacun de ses retours, elle est sur la plage à l'attendre. Un soir d'orage, le téléphone sonne : Jules ne reviendra plus.

Hé ouais, ça fait MAL de lire ça hein ? Ainsi est Jamais : cette petite BD nous touche en plein coeur, mais nous fait sourire aussi, et c'est là toute sa puissance. Par la suite, Madeleine va vivre seule dans sa petite maison au bord de la falaise avec son chat obèse offert par son mari. La vieille dame a l'air normale, un brin caractérielle, mais chez elle c'est différent : elle fait un blocage et continue à parler à son mari alors qu'il est mort.

Mais pendant ce temps au village, la situation est inquiétante : si la falaise s'effondre avec la mémé dessus, le maire sera tenu pour responsable. Il essaie tant bien que mal de la convaincre de partir, mais celle-ci refuse catégoriquement de quitter le logement où elle a vécu avec son mari. La BD nous propose de découvrir une galerie de personnages saisissante, tous très vrais et pleins de nuances. Madeleine est caractérielle et attendrissante, le maire est froid mais sensible. Et je me suis prise d'affection pour ce pompier plein de bonne volonté, qui sait se montrer diplomate et ferme à la fois.

La Normandie, si belle en BD

Et puis il y a la Normandie, qui est si l'on peut dire un personnage à part entière. Bruno Duhamel s'est inspiré d'un vrai village pour dessiner sa BD, ce qui donne une atmosphère vraiment particulière. En lisant Jamais, on sentirait presque la fraîcheur des embruns, le soleil capricieux derrière les nuages. On entendrait presque les cris des mouettes et des vendeurs au marché, le chant des vagues au loin. J'expliquais dans les points négatifs que le dessin était un peu trop traditionnel : en effet, les personnages ont un design vraiment propre à la BD franco-belge, pas toujours très accrocheur. Mais la recherche graphique est là cependant, dans l'ambiance et dans la façon dont l'auteur fait passer ses messages.

La BD est courte, mais ça n'a rien de frustrant : le scénario nous laisse quand même le temps de rencontrer les personnages, de comprendre la situation. C'est une sorte de tranche de vie, avec quand même un début et une fin. Quand on a terminé la lecture de l'album on se sent un peu bizarre, triste et joyeux à la fois. Mais on n'a pas l'impression de ne pas en avoir lu assez.

Sans aucun doute, Jamais est une belle BD, pleine d'émotions. Entre Madeleine et la bande de trublions des Vieux Fourneaux, il faut croire décidément que les vieux ont la cote en BD ! L'album sort le 10 janvier, chez Grand Angle au prix de 14,90 euros.

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