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par Elsa - le 28/05/2014
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par Elsa - le 28/05/2014

K.O. à Tel Aviv 2, la critique

Asaf Hanuka est d'origine irakienne, sa femme est d'origine polonaise. Ils vivent avec leur fils à Tel Aviv, en Israël. Dans K.O. à Tel Aviv 2 (qui se lit totalement indépendamment du premier), l'auteur raconte son quotidien.

Introspection et bande dessinée.

Asaf Hanuka est un homme tourmenté, qui cohabite avec une imagination pas toujours amicale. La mort n'est jamais très loin de lui, mais il serait difficile pour lui de faire autrement vu la situation tendue à Tel Aviv. Bombardements, abris anti-atomiques, amis qui partent vivre à l'autre bout du monde jusqu'à la fin d'une guerre qui n'a même pas commencé. Mais c'est aussi un père qui tente de répondre du mieux qu'il peut aux questions de son fils, un mari qui essaie de garder intact le lien avec sa femme, malgré le temps, la situation, leurs différences de culture. C'est également un artiste, qui s'interroge sur le plaisir qu'il prend encore à dessiner, sans pouvoir arrêter, et qui doit payer ses factures tous les mois.

Rendre beau le chaos.

K.O. à Tel Aviv 2 est une œuvre étrange et surprenante. Les strips sont tour à tour violents, sombres, émouvants ou drôles, voir tout en même temps. Sa lecture donne un peu l'impression de rentrer directement dans le cerveau de son auteur, de se prendre en pleine tête ses angoisses et délires cauchemardesques. On sent que ce travail autobiographique est d'abord libérateur. Pourtant le résultat est aussi intime qu'universel, et absolument fascinant.

Asaf Hanuka aborde des sujets vraiment variés, comme un panorama de tout ce qu'il est, lui. Forcément, le résultat est parfois un peu inégal, les thèmes abordés n'ont pas la même puissance d'un strip à l'autre. Mais c'est un mal pour un bien, tant au détour d'une page, certains strips surprennent par leur densité, leur force, leur justesse. Au delà de ses questionnements, l'auteur a un talent tout personnel et plein d'inventivité pour raconter les choses. Pleines pages muettes, bd classiques, suites de bandeaux d'apparence austère, il y a à chaque page une intelligence et une subtilité rafraichissante dans la narration, la mise en scène, les rythmes de lecture imposés. Même si ce qui est dit est lourd, noir, K.O. à Tel Aviv 2 nous offre une véritable expérience de lecture, différente et marquante.

Mais c'est aussi un excellent dessinateur, qui livre des planches belles, réalistes, avec un parfait équilibre entre épure et détails captivants. On sent qu'Asaf Hanuka tire ses influences du franco-belge, mais peut-être encore plus de la bande dessinée américaine. On croise d'ailleurs de jolis clins d’œil à certains auteurs au fil des pages. Le réalisme léché de son trait donne une portée vraiment forte aux passages plus délirants, ou métaphoriques. Comme si les images les plus dingues, les plus barrées, qui occupaient son esprit, devenaient tout à coup la normalité.

Il est des œuvres à part, K.O. à Tel Aviv en fait clairement partie. Troublante porte ouverte sur les angoisses et les questionnements d'un homme sur sa vie et ce qui l'entoure, c'est une bande dessinée visuellement belle, intelligente, pleine de trouvailles narratives, et qui parvient à aborder avec la même subtilité les petits tracas du quotidien, et une situation géo-politique plus que tendue.

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