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par Elsa - le 24/02/2016
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par Elsa - le 24/02/2016

L'Île, la critique

Après The Corner, dont il était le scénariste, Lorenzo Palloni revient chez Sarbacane avec L'Île, un récit qu'il a écrit et dessiné.

Enfer et paradis.

Dans un monde en guerre, quelques îles sont utilisées comme des prisons. Mais un jour, sur l'une d'entre elle, les prisonniers profitent d'une opportunité pour se rebeller, et récupèrent leur liberté, dans ce huis clos cerné par les flots. À force de courage et de détermination, ils transforment leur enfer en une sorte de petit paradis, une petite communauté qui réapprend le bonheur. Quelques décennies plus tard, les survivants des évènements sont rares, mais leurs enfants peuplent l'île.

Tout allait bien, jusqu'à ce qu'un intrus débarque sur l'île. Un soldat, donc forcément un ennemi.

Ombre et lumière.

Lorenzo Palloni imagine une île qui oscille entre enfer et paradis selon les instants. Au fil des pages, il nous raconte l'histoire de ses habitants, à travers trois générations d'hommes formant une famille. Le grand-père est mort mais faisait partie des meneurs à l'époque de la rebellion, Antol, le père, est l'un des hommes les plus respecté des habitants, et Elias, son ainé, est en pleine adolescence, avec les troubles que cela entraine. On découvre un monde construit brique après brique dans l'espoir de jours meilleurs. Un mécanisme solide, qui menace pourtant de s'écrouler comme un chateau de cartes au premier grain de sable dans l'engrenage...

Le récit se découpe en chapitres, qui ont chacun pour héros un personnage différent. Le mystérieux intrus se dévoile alors qu'il intègre bon gré mal gré le quotidien de l'île. En même temps que les personnages, on essaie de découvrir s'il est, ou non, digne de confiance. On se rend vite compte qu'il n'est d'ailleurs pas le seul à avoir des secrets. Les éléments de l'intrigue sont un peu classiques, ce qui diminue les effets de surprise. Mais c'est surtout le fait qu'on développe peu d'empathie pour les différents personnages, peut-être un peu trop stéréotypés, qui fait qu'on traverse l'Île sans véritablement ressentir d'émotions. Pour autant, le récit est bien mené, et suffisamment riche pour proposer une lecture agréable.

Côté dessin, le trait oscile entre réalisme et un côté un peu naïf qui apporte une certaine douceur à l'atmosphère de l'île. Malgré la violence des évènements qui ont eu lieu, la nature omniprésente et le soleil qui inonde tout dominent et confèrent au lieu beaucoup de sérénité. Les couleurs très douces appuient encore ce côté, ce qui peut-être joue en la défaveur des passages plus sombres et violents, eux aussi marqués malgré eux par cette impression de calme. Les planches sont très riches en cases et en information, proposant une visite de l'île dans ses moindres détails. On apprécie de découvrir l'histoire du monde, et de ce lieu en particulier, à travers les détails, parfois non-expliqués, et les vestiges des drames passés.

L'île est un thriller en huis clôt, dans un monde en guerre mais surtout dans la bulle fragile d'une île paradisiaque. L'ensemble manque un peu de saveur, mais l'histoire reste plaisante et riche en rebondissements.

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