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par Alfro - le 25/08/2014
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par Alfro - le 25/08/2014

L'Ombre des Shinobis - Premier Rouleau, la critique

La culture du Japon féodal fait toujours autant fantasmer l'Occident, et les auteurs de BD n'échappent pas à la règle. Surtout s'il on introduit dans l'équation du folklore fantastique à grand renforts de démons inquiétants. S'il l'on avait déjà pu voir Okko chez Delcourt sur ce modèle, Glénat nous en propose une nouvelle lecture : L'Ombre des Shinobis.

"C'est un Ronin, j'en suis sûr..."

Cette nouvelle bande dessinée qui a été pensée comme une trilogie a été imaginée par Sylvain Runberg, auteur qui s'est rapidement fait un nom avec Orbital ou Hammerfall et qui ressort de l'adaptation franco-belge du célèbre roman suédois Millénium. Il décide ici d'insérer son histoire dans l'ère d'Edo alors que de grand troubles politiques secouent le Japon et qu'un Shogun est sur le pied de guerre pour renverser l'Empereur. Soit le point de départ de toute bonne histoire de samouraïs. Mais si ces derniers sont évidemment de la partie, l'histoire va s'installer plus loin, dans les cours de châteaux, où l'on complote à tout va. En fait, ce premier tome va procéder sur deux plans narratifs, l'introduction de l'intrigue générale, et des personnages qui seront amenés à y avoir un poids, et celle auto-contenue dans ce volume qui permet de se faire à l'ambiance et au contexte de la série. En somme, il s'agit là d'un tome purement introductif.

D'une introduction, on lui demande un travail bien précis, celui de présenter les enjeux, l'atmosphère et le casting qui seront amenés à évoluer dans l'histoire ensuite. Là-dessus, Runberg fait un sans-faute. Sans être lourd ou trop démonstratif, il nous installe tranquillement l'intrigue politique et les mystères qui vont l'émaillés et maintenir l'intérêt du lecteur pour qui une simple réécriture de l'histoire japonaise n'aurait sans doute eu que peu d'intérêt. Le folklore japonais est disséminé un peu partout, on se demande parfois même si certaines références ne sont pas là que pour appuyer le fait que nous sommes au Pays du Soleil Levant, entre cérémonie du thé, Ronin et masques du théâtre Nô, il ne manquerait presque plus que les bentōs. Enfin, les personnages sont le point sur lequel l'auteur s'est le plus appliqué. Ils arrivent au cours de l'histoire de manière dissimulée (ce sont des ninjas après tout) et ne se présentant pas immédiatement comme des personnages de prime importance. D'ailleurs, ce sont leurs actes qui vont nous montrer l'impact de ceux-ci, aucune présentation n'étant faite de façon rigoriste et sèche, et que l'on apprend à les découvrir qu'en toute fin de tome.

"Ne plus pouvoir me mêler au monde me pèse encore parfois..."

Cette façon de procéder va d'ailleurs être aussi être problématique dans le déroulement de ce premier tome. L'histoire défile sous nos yeux, pas assez originale ni complexe pour qu'on y reste accroché, tous les enjeux à longue échelle se dévoilant sur la fin. Même si des indices sont intelligemment distillés au cours de la lecture, rien ne vient rajouter du relief de prime abord. Il faut donc attendre la fin du premier tome pour que l'on réalise que ce n'était qu'une introduction et qu'il reste tout à faire et à découvrir. Un peu gênant dans la lecture de ce premier tome, mais qui est heureusement bien aidé par le dessin de Xu Zhifeng, qui rend là son premier travail en franco-belge (il avait déjà travaillé pour Ankama, mais il s'agissait du comics Maskemane). Le dessinateur chinois s'attelle à rendre des planches dynamiques qui permettent de véritablement rester accroché à l'action, parfaitement rendue et très fluide.

L'Ombre des Shinobis commence donc avec un premier tome qui permet de rentrer parfaitement dans l'univers que les deux auteurs souhaitent créer. Violent et intransigeant, il reste une meilleure introduction à l'histoire qui se développera en tryptique qu'un épisode unique qui cherche à accrocher le lecteur pour n'y parvenir qu'à la toute fin. La trilogie finie permettra sans doute de remettre en perspective cela et lui donnera tout son intérêt.

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