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par Elsa - le 15/02/2018
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par Elsa - le 15/02/2018

La Petite Souriante, la critique

Après avoir squatté nos bibliothèques d'enfants avec L'élève Ducobu, Tamara, Sac à puces, Spirou et Fantasio... Zidrou s'est depuis quelques années fait une place de choix dans les rayonnages de la bd adulte avec des titres qui ont prouvé qu'il excellait autant à bouleverser les grands qu'à faire rire les enfants.

Et comme il est indéniablement très productif depuis, les éditeurs proposent du Zidrou pour tous les goûts. Dans La Petite Souriante, il retrouve Springer (avec qui il nous avait déjà offert Le beau voyage et L'indivision). Et voilà qu'il nous surprend encore...

A quoi pensent les autruches ?

Scène d'ouverture : Josep massacre sa femme puis la jette dans un puits.

Il rentre chez eux, une maison cernée par leur élevage d'autruches. 

Sa femme l'attend, souriante, dans la cuisine.

'Elle était souriante...'

On sent bien tout le plaisir que Zidrou et Springer prennent à plonger toujours un peu plus loin dans le bizarre et l'horreur dans cette bd. Et ce plaisir en devient vite communicatif. La Petite Souriante est une BD horrifique, trash et drôle juste ce qu'il faut. Un drame familial qui se teinte d'un absurde à rendre fous ses protagonistes comme les lecteurs. Les amateurs du genre seront sous le charme. C'est une histoire courte, pas beaucoup plus longue que la comptine qui l'a visiblement inspirée. Une idée toute simple à laquelle les talents de conteur de Zidrou insufflent une humanité cruelle. Il faut certainement beaucoup aimer l'humain pour savoir si bien le raconter dans toute sa bêtise et toute sa méchanceté.

Côté dessin, le trait de Springer, un peu changeant parfois, sert parfaitement l'histoire avec ses personnages forts en gueule, ce noir qui mange les cases, les placides autruches qui semblent nous prendre à parti du regard, l'air de rien, et les indéchiffrables rictus qu'arborent les héros de l'histoire. D'une case à l'autre, on les trouve aussi touchants que détestables. Qui sont-ils vraiment ? Des gentils ou des méchants ? La réponse peut-elle être aussi simple ? Le décor passe du huis-clos de la maison à l'atmosphère de plus en plus pesante aux grands espaces qui l'entourent qui, finalement, deviennent aussi menaçants. 

La colorisation joue sur une ou deux couleurs par page. Les teintes chaudes et froides y évoluent en fonction de l'action et du moment de la journée ou de la nuit. Ce parti-pris sert encore mieux l'ambiance générale, entre une violence rageuse et une sorte de douceur de surface parfaitement feinte. Le bizarre est partout.

On pourra saluer le soin que Dupuis a apporté à l'objet. La Petite Souriante est publié dans un format sensiblement plus petit que les éditions classiques de l'éditeur, avec une couverture épaisse et texturée. Avec ses effets d'usure, c'est un peu comme si on dénichait une vieille bande dessinée oubliée sur les étagères d'une bibliothèque poussiéreuse. Le cocktail entre le genre horrifique, le dessin de Springer et cet objet aux airs rétro est parfait.

La Petite Souriante est une BD certes un peu courte et qui désarçonnera certains des habitués des récits sensibles du scénariste. Mais c'est surtout une excellente surprise, un récit où l'on sent les auteurs s'amuser avec le genre horrifique, avec autant d'humour que de noirceur. Si les âmes sensibles préfèreront s'abstenir, les autres pourraient bien se régaler avec cet album à découvrir chez Dupuis.

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