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par La Redac - le 18/01/2019
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par La Redac - le 18/01/2019

La Venin tome 1 : Le Western qui ne vous laissera aucune chance !

Le western est un genre qui a la cote en bande dessinée. Se lancer dans le genre, c’est à la fois s’assurer un public qui l'apprécie, et prendre le risque de se faire comparer. Après deux énormes livres consacrés au truand Jean-Claude Pautot, Laurent Astier crée une criminelle qui n’aura aucun mal à concurrencer les plus virils des cow-boys, La venin, chez Rue de Sèvres

De mystères en mystères

Si vous n’aimez pas les histoires à secrets, passez donc votre chemin. Laurent Astier fait un pari : celui de nous confronter à des évènements dont nous ne pouvons comprendre la portée, parce qu’il tait volontairement les éléments qui nous permettraient de comprendre. D’où vient la Venin, ça, on le sait. L’auteur s’appuie largement sur son héroïne et nous place immédiatement le contexte : une fille de catin, pas beaucoup d’amour autour d’elle et donc tout le potentiel pour devenir cette tueuse que nous découvrons au fil des pages. Une meurtrière tout en maîtrise, efficace et prête à tout pour s’en sortir. Mais ce que sont ses buts, comment elle est devenue cette femme, tout cela, Astier le tait. Il faut être prêt à se laisser manipuler. Évidemment, entre son caractère trempé et ses actions “badass”, on se laisse bien volontier porter par le flot des évènements. Mais il faut avoir conscience de tout cela. Une séquence à la toute fin de l’album nous laisse entrevoir l’ampleur de tout ce qui nous est tu. Mais on ne sait toujours pas qui est réellement cette femme que nous suivons. Il est assez savoureux de s’essayer à imaginer les plans de l’auteur, la lecture du tome 2 n’en sera que meilleure. On observe les personnages secondaires évoluer, on se questionne… Qui sera réellement important ? Qui passe devant nous, mais reviendra pour nous surprendre ?

C’est une bonne façon d’appréhender un genre particulièrement bien connu par les lecteurs. Impossible de désigner une référence parmi les grands classiques. Laurent Astier trace sa propre voie. Cela semble être un bon résumé de sa carrière.

À l'ombre de Monument Valley

Côté dessin, là aussi, les grands anciens pourraient venir faire de l’ombre. Pourtant, Laurent Astier n’a pas de leçon à recevoir. Il livre un 72 pages d’une incroyable générosité. On le retrouve pleinement épanoui, dans un dessin nettement plus classique que dans Face au mur. Plus “BD franco-belge historique”, dans la façon de mettre en couleur, aussi. Et ça fonctionne tout autant que lorsqu’il adoptait un trait plus nerveux. On sent l’application, la masse de travail derrière chaque planche. Et la réflexion, car l’artiste ose des découpages inhabituels, cherchant à créer des formes particulières à travers le blanc des espaces inter-iconiques. Ses pages ne ressemblent à aucune autre. Tout ce qu’on retient, c’est le temps passé à observer les détails des pages.

Encore un western ? Oui, encore, mais pour le plus grand plaisir du lecteur. Une héroïne mystérieuse et forte, une intrigue tortueuse mais assumée comme telle et un dessin extrêmement travaillé, il ne fait aucun doute que La Venin a tout pour satisfaire les plus exigeants des lecteurs de bande dessinée franco-belge.

Par Yaneck Chareyre
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