Illustration de l'article
Critiques
Archive 9ᵉArt
par AlexisH - le 19/04/2014
Partager :
par AlexisH - le 19/04/2014

Le Chiffroscope, la critique

Le Chiffroscope est un album qui, sans développer de narration, aborde cependant des sujets intéressants. Issue d'un dessin animé concept qu'elle retranscrit à la lettre, la BD propose un format peut-être un peu moins adapté à son sujet, mais on y retrouve toutefois tout le sel de son aîné.

Diffusé sur Canal+ dans le cadre du magazine télé L'Effet Papillon depuis septembre 2012, le Chiffroscope est un dessin animé de deux minutes qui aborde des questions de société avec humour. L'idée consiste à s'attaquer de manière très synthétique aux idées reçues en se fondant sur des analyses économiques et statistiques : Le monde est-il de plus en plus violent ? Demain, sera-t-on tous obèses ? L'argent fait-il le bonheur ?

Les auteurs du dessin animé se sont également occupés de la version BD. On retrouve donc David Costello-Lopes à l'écriture et Léonard Cohen (le dessinateur pas le chanteur) au dessin. Ils sont aidés par Emmanuel Grand qui se charge de réunir les statistiques et les données scientifiques. Ces derniers ont opté pour une adaptation stricte des illustrations et des textes de la version animée.

La bande dessinée reprend ainsi les mêmes personnages, Solène la sensuelle, Oliver l'obèse ou encore Satyajit le pornophile analphabète qui ont été créés pour mettre en scène l'argumentation du narrateur. Il ne faut donc pas s'attendre à une réelle narration avec des personnages émouvants puisque la BD est structurée selon dix questions traitées en trois pages chacune dans une perspective purement pédagogique.

L'encrage minimal qui favorise le noir et le blanc, le trait rapide du dessin de presse, conviennent parfaitement à cette approche illustrative. Des photos découpées à l'emporte-pièce viennent s'y mêler en affichant clairement un côté « vite fait » qui est finalement l'aspect le plus drôle de la BD. Chargé de données statistiques, le Chiffroscope est-il d'une lecture pénible ? C'est au contraire, avec légèreté et simplicité qu'il met en œuvre le principe des infographies propres au data-journalisme, d'ordinaire très sérieuses : graphiques chiants et camemberts moches.

Ludique et informative, la BD se lit vite et bien, une qualité qu'elle partage avec le dessin animé. On pourrait alors avoir du mal à saisir l'intérêt d'une adaptation, qui perd peut-être en rythme par rapport à la version animée, mais ne boudons pas notre plaisir car elle a su en restituer tout l'humour et l'univers graphique.

En revanche, sans remettre totalement en cause le principe du Chiffroscope, on pourra tout de même y trouver quelques limites. Certes, confronter ainsi les idées reçues à la réalité du fait chiffré a quelque chose de pertinent puisqu'on amène une preuve statistique qui semble irréfutable. Mais, outre les difficultés liées à la collecte des chiffres, l'approche statistique elle-même ne reflète qu'une partie d'un problème. On est aussi parfois à la limite d'une forme de bien-pensance, même si le Chiffroscope n'est jamais agaçant car il aborde des questions sensibles sur le mode de l'hypothèse statistique, sans jamais prétendre régler manu-militari les problèmes ni donner de leçons morales.

On est donc en présence d'une adaptation BD réussie, qui ressemble certes beaucoup à une forme d'opération marketing invitant à aller voir les versions animées. Cependant, en ne prenant aucun risque, la copie conforme est aussi drôle que l'originale. On lui préférera tout de même le dessin animé, mais le Chiffroscope BD peut toutefois être une bonne occasion de découvrir cet univers pour ceux qui ne connaissent pas du tout la série.

 

Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail