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par Alfro - le 27/01/2015
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par Alfro - le 27/01/2015

Le Cycle de Nibiru - Tome 1, la critique

Le genre post-apocalyptique a le vent en poupe ces dernières années alors que la Doomsday Clock n'a jamais vu son aiguille si près de minuit. Films, romans et même bandes dessinées, nombreux sont ceux qui dépeignent un futur peu reluisant pour l'espèce humaine. Pourtant, traiter de la fin du monde n'est pas gage d'une qualité assurée.

"Le vol de sang est puni par la mort, mon Prince."

Le concept du Cycle de Nibiru est assez simple, la ressource essentielle dans ce sixième millénaire est devenue le sang. Une maladie sanguine a affecté l'espèce humaine, désormais il n'y a de salut que dans la transfusion et le sang sain est une ressource aussi indispensable que rare. Dans de tels cas, évidemment des inégalités émergent, surtout que bien que l'on soit dans un futur assez lointain, l'être humain n'a pas forcément changé et les même luttes se retrouvent encore. Des puissants qui cherchent à protéger leurs privilèges, une population exsangue (littéralement ici) qui commence à se soulever devant tant d'inégalités et des fanatiques religieux qui ne connaissent aucune limite.

Si l'angle d'approche reste original, et permet de poser la problématique de la redistribution des richesses de façon moins complexe, la narration en elle-même est assez basique. Izu, le nom de plume de Guillaume Dorison, frère de Xavier, mélange ici quelques poncifes de la fantasy à capuche dans un monde post-apo construit en Images d'Epinal. L'héroïne n'est autre qu'une princesse, le conseiller de l'Empereur est forcément habité de mauvaises intentions et le chef de la garde va tout donner pour accomplir son devoir de la façon la plus bad-ass du monde. La galerie de personnages semblent être des modèles du genre qui ont été ici dupliqués en l'état.

"Tu vas voir la vérité, et elle sans doute pire que la mort."

L'intrigue en elle-même se déploie de la façon la plus classique du monde, des fanatiques font un attentat dévastateur, s'ensuit une manipulation politique qui déclenche une guerre contre ces supposés fanatiques. Histoire connue. Heureusement, l'héroïne Alicia Ek sera l'occasion de découvrir des fragments d'un passé lointain, qui contredisent l'histoire officielle, des images intrigantes qui laissent deviner un secret inquiétant. Ces flashbacks opportuns permettent de briser la monotonie d'un récit qui ne se révélait pas passionnant par ailleurs, et maintiennent l'intérêt pour une histoire qui manque d'éléments qui offre des aspérités que la curiosité pourrait saisir. Surtout, ils dynamisent l'intrigue sur la fin de cet album publié par Glénat.

Si bien que l'on se dit que le deuxième tome relèvera certainement le niveau de cette histoire. Une bonne chose, surtout que l'on retrouvera Mathieu Moreau, le jeune dessinateur ici à l'œuvre. Pour un premier travail au long cours, il est plus que prometteur. Dans un trait à mi-chemin entre pure tradition franco-belge et influences mangas, on a parfois l'impression de voir du Masashi Kishimoto trainer sur certains visages, il livre une prestation dynamique et très intéressante pour la suite. Si le character-design reste assez sage, il est appliqué et permet de donner une identité visuelle à une série qui manque pour le moment de personnalité.

Le Cycle de Nibiru est victime d'un méchant déficit d'âme, de ce petit-plus qui permet de garder en mémoire une BD. On sent le scénariste appliqué sans être inspiré, piochant des idées ça et là sans forcément les bonifier ni même en donner une interprétation personnelle. Il n'y a pas assez dans cet album à saisir pour l'esprit, et si les yeux sont agréablement surpris, la BD se ferme sans qu'on ait l'impression d'avoir lu du neuf.

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