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par Republ33k - le 15/11/2016
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par Republ33k - le 15/11/2016

Le Passeur, la critique

Pour leur nouvelle collaboration, Hermann - sacré par le grand prix du festival d'Angoulême cette année - et son fils Yves Huppen, qu'on connaît tous sous le nom d'Yves H, ont choisi de nous emmener dans un univers post-apocalyptique teinté de Western qui n'est pas sans évoquer un certain Mad Max. Retour sur ce Passeur, un titre bien mystérieux.

Et comme souvent, l'adjectif est autant une qualité qu'un défaut. Mais commençons par le positif avec une note sur le scénario d'Yves Huppen, qui justement, installe assez bien la tension dans le (faible) nombre de pages qui lui sont données. Le parfum de mystère qui se dégage des planches est plutôt savamment construit et nous invite à guetter tous les détails laissés dans les cases pour trouver des repères. A ce titre, les fans de Jeremiah, autre bande-dessinée signée Hermann, pourraient bien se retrouver en terrain connu.

Cette approche assez mystérieuse de l'intrigue par le scénariste trouve d'ailleurs un superbe écho dans les planches d'Hermann qui, on doit bien le dire, impressionnent au premier coup d'œil. Elles font honneur aux paysages post-apocalyptiques presque envoûtants de cet univers et une recherche sur les couleurs, et notamment sur le vert, transforme la lecture en une véritable expérience visuelle, dans laquelle les amoureux du dessins plongeront corps et âme.

Mais indubitablement, même les plus belles des planches ne sauraient séduire tous les publics par elles-mêmes, et on attend donc toujours quelques rebondissements ou du moins quelques rafraîchissements du côté de l'intrigue. D'autant que dans le cas de ce Passeur, comme nous le disions, une part non-négligeable des dialogues et de l'exposition est consacrée à l'élaboration d'un mystère qu'on espère voir voler en éclats dans une révélation finale épique.

Or, celle-ci ne viendra jamais ou d'une manière très, trop, détournée. Yves H ne nous offrira en effet que des réponses suffisament ouvertes pour qu'on les interprète. Et si d'autres réponses sont plus catégoriques, elles sont également terriblement convenues. Ce qui aura tendance à nous laisser sur une faim assez cruelle. On imagine qu'une partie des effets liés à cette frustration finale étaient volontairement tendus, tels des pièges, par le scénariste, mais ça ne soulagera qu'à peine notre douleur après une cinquantaine de pages, qui par ailleurs, ont parfois tendance à donner trop facilement et trop gratuitement dans la noirceur.

Doté de planches particulièrement impressionnantes et d'une ambiance mystérieuse, Le Passeur est une drôle d'expérience de lecture qui a du mal à se suffire à elle-même. Elle tient plutôt de l'exercice de style ou du spin-off caché de Jeremiah, deux bonnes raisons pour les fans des Hermann de se laisser tenter. Mais les autres lecteurs risquent cruellement de manquer de motivations pour se lancer à l'assaut de cet album, qui laisse vraiment sur sa faim. A réserver aux amoureux des planches d'Hermann donc, et aux curieux les plus aventureux.

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