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par Johan - le 1/06/2015
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par Johan - le 1/06/2015

Le printemps humain - Tome 1, la critique

Une Terre colonisée par une race extra-terrestre, une Humanité absorbée et en perte de repères et une bonne vieille révolte inspirée de la littérature et de l'actualité, servi par le dessinateur et scénariste Hugues Micol, plus tempéré qu'à l'accoutumé dans cette nouvelle série courte aux accents mélancoliques.

L'Humanité a depuis longtemps perdu les droits d'exploitation exclusifs de la Terre. Le premier contact avec une forme de vie extraterrestre appartient désormais au passé et les Orts, nos nouveaux voisins, sont depuis installés sur notre belle planète bleue. La cohabitation n'étant pas au programme politique des Orts, ceux-ci ont peu à peu absorbé l'Humanité jusqu'à la dominer ouvertement.

Reflets de la nouvelle société, JaqSamuel et Téomas sont trois frères aux opinions contradictoires qui joueront un rôle que l'on devine majeur dans ce printemps humain. Jaq, de l'agence terrienne, travaille main dans la main avec le pouvoir Ort. Téomas au contraire, mène l'opposition et fomente une révolte sanglante dans laquelle il embrigade son plus jeune frère, Samuel...

La société peinte par Hugues Micol renvoit bien évidemment à l'Occupation, puisque collaboration et résistance sont au coeur du récit. Une des clés de l'album réside dans cette ambiance rétro, que l'on pourrait situé dans les années 40 malgré l'abondance d'éléments futuristes imposés par la présence Ort. Paris est méconnaissable, gonflé d'annexes organiques chaotiques qui recouvrent les bâtiments. Les monuments disparaissent, privant l'Humanité de sa culture et de son histoire. Ce savant mélange de contrariétés est sans doute la grande réussite d'un album qui façonne, dans ses moindres détails, l'opposition entre Orts et Sapiens, que ce soit dans le traitement des couleurs, l'architecture ou le mode de vie des espèces.

Malgré un scénario emprunté aux récits de guerre et de résistance, l'auteur semble s'être libéré de ses personnages afin de mieux s'intéresser à la révolte qui gronde. Ce qui est une faiblesse pour certains est à mes yeux l'une des forces de l'album. Jaq, Samuel et Téomas ne sont que les instruments d'un événement qui les dépasse et n'ont pour rôle que de renseigner sur les contradictions de l'Humanité. Le printemps humain prend ainsi un rôle de premier plan au détriment de personnages dont on se fiche tant prime la cause. L'auteur évite tout manichéisme et questionne à la fois les aspirations et les méthodes Orts et Sapiens, rappelant que l'enfer est pavé de bonnes intentions. 

A la croisée des genres, Hugues Micol réussit le pari de créer une atmosphère originale où se mêle récit historique et science-fiction. Refusant de céder à un récit centré sur un trio de personnages, il livre un récit froid des événements de ce printemps humain comme un journaliste d'une objectivité parfaite, laissant au lecteur le soin de juger des motivations de chacun. Un album original, qui dépoussière un genre qui manque de titres marquants en ce "début" d'année.

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