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par Republ33k - le 9/11/2017
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par Republ33k - le 9/11/2017

Le Syndrome de Stendhal, la critique

Vertiges, suffocations, accéleration du rythme cardiaque voire hallucinations : le syndrome de Stendhal peut provoquer tout cela chez des individus soumis à une surcharge d'œuvres d'art. Un phénomène rare mais passionnant, qui est l'objet d'une nouvelle bande-dessinée parue chez Glénat en partenariat avec le Centre Pompidou.

Et si on n'aurait pu craindre que l'aspect "bande-dessinée de commande" prenne rapidement le pas sur l'histoire et ses thèmes, il n'en sera rien. Scénarisé par Aurélie Herrou, cet album s'ouvre sur une salle journée comme on en connaît toutes et tous : un ancien chômeur a trouvé un boulot au fameux Centre Pompidou. Il fait la connaissance de l'équipe de gardiens du musée d'art moderne, et fait désormais partie des leurs. Il aura à sa charge de surveiller des sales entières, remplies d'œuvres qu'il ne comprend pas, voire méprise.

Si vous vous êtes déjà demandé si l'art moderne est bien de l'art, vous vous identifierez immédiatement à notre héros Frédéric Delachaise, loser attachant qui va se découvrir une passion pour le musée et les merveilles qu'il contient. Mais comment en arrive-t-il là, sachant sa fâcheuse posture de départ ? C'est tout l'intérêt de l'album, et on essaiera de rester vague pour préserver ses surprises.

Car Le Syndrome de Stendhal préfère le voyage à la destination. On mettra d'ailleurs en garde les lecteurs qui pensent le contraire : la fin risque de vous laisser pantois. Déroutante, dans le sens grave du terme, elle est à l'image de l'album, quelque part. Celui-ci s'avère en effet fantasque, loufoque ou surréaliste. Il se lit d'une traite et entend simuler avec des planches toujours plus folles les effets du fameux syndrome qui donne son nom à cette bande dessinée.

Et pour le coup, Sagar, dessinateur aux commandes des planches, effectue un travail bluffant de ce côté là. Si vous aimez les jeux sur la composition ou les règles du neuvième art au sens large, vous devriez y trouver votre compte. D'abord très classique, visuellement, l'album glisse lentement vers le bizarre et l'étrange pour frapper son lecteur, le secouer et l'interroger quand il faut. 

Pour peu qu'on se laisse emporter, nous voilà donc dans la peau de ce bon Frédéric : on questionne la nature de l'art, sa définition. Les œuvres réelles se mêlent à celles qui naissent au quotidien comme les accidents, ou les heureux hasard. En nous identifiant au héros, on ressent toute l'ampleur du syndrome qui l'atteint, grâce, notamment, aux planches toujours plus créatives et folles de Sagar, et à quelques dialogues bien placées de la scénariste, qui parvient à caser un vrai plaidoyer en faveur de l'art moderne en quelques pages.

Questionnement drôle, touchant et amusant sur l'art moderne doublé d'une expérience visuelle assez dingue, le Syndrome de Stendhal transcende sa condition d'œuvre de commande pour atteindre le cœur de tous les amoureux de la culture. Un vrai petit musée ambulant, qui malgré une fin abrupte et quelques moments un rien bavards, parviendra à séduire un large public.

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