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par Elsa - le 4/09/2015
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par Elsa - le 4/09/2015

Les nuits de Saturne, la critique

Le dessinateur de Rouge Karma (prix SNCF du polar 2015) revient avec Les nuits de Saturne.

Vengeance.

Milan Klovisevitch, que tout le monde appelle Clovis, vient de sortir de prison. Personne ne l'attend dehors et c'est aussi bien, il a des comptes à régler. Il a eu suffisamment d'années pour ruminer sa rage et son envie de vengeance, maintenant c'est devenu sa seule raison de vivre. Alors, silencieux et déterminé, il part à la recherche de celui qui l'a trahi. 

Sur sa route il croise Césaria. Il y a quelque chose de puissant et de lumineux dans cette rencontre, qui le détourne un peu de l'objectif. Il ne doit pas se laisser distraire, mais la passion est ainsi, elle ne se contrôle pas.

La mort ou la vie ?

Pierre-Henry Gomont (dessinateur de Rouge Karma) adapte ici en bd le roman de Marcus Malte, Carnage, Constellation. Un roman noir très sombre et à la fois rempli d'amour, où passé et présent s'entremêlent, se troublent l'un l'autre.

Le résultat, c'est une très belle bande dessinée. Un polar peuplé de personnages désabusés, de menteurs, de sentiments dissimués. Il n'y a rien de grandiose dans la vie de Clovis, pas plus que dans la vie de Césaria, mais leur rencontre, elle, a quelque chose de puissant. L'adaptation est ici très réussie parce qu'elle a une âme, un rythme. Ce n'est pas juste un texte minutieusement mis en image, c'est un récit puissant, vibrant, chargé d'émotions, qui n'en oublie pas d'être très bien mené. On pourra peut-être un peu regretter que le passage sur ce médium oblige à parfois aller vite, ne pas prendre le temps de tout développer, mais ça ne gâche en rien le plaisir de lecture. Construit dans un jeu de flashback au fil des souvenirs de Clovis, les évènements qui se sont déroulés quinze ans plus tôt, et l'ont amené en prison, nous sont peu à peu dévoilés. Et lui qui pensait avoir re-vécu chaque instant des milliers de fois, va peu à peu comprendre que certains détails lui ont échappé. 

Le dessin est très fin, sensible, parfait pour ces personnages abimés par la vie. Les couleurs, souvent nocturnes, font écho à l'histoire. Au milieu de la pénombre, une lampe, des phares, les lumières criardes d'une boite de nuit viennent éclairer les recoins les plus sombres du décor. Comme dans Rouge Karma, les teintes puissantes ont une véritable importance narrative, servant les ambiances de manières très réussie. La mise en scène est inventive, calme et silencieuse la plupart du temps, pendant que les pièces du puzzle se mettent en place, mais appuyant habilement les émotions, et surtout celles de Clovis, qui dissimule sa sensibilité et ses failles derrière son mutisme.

Les nuits de Saturne est une belle bande dessinée, une lutte entre un passé douloureux et un présent qui pourrait être plein de promesse. Peut-on oublier sa raison de vivre quand une autre se présente, incertaine mais sincère ?

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