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par Sullivan - le 13/11/2015
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par Sullivan - le 13/11/2015

Les Vieux Fourneaux - tome 3, la critique

Véritable phénomène de la Bande-Dessinée, Les Vieux Fourneaux avaient pris leur retraite depuis pratiquement un an tout rond, date de sortie de l'excellent second volume d'une série appelée à durer. 

Toujours menés par un Wilfrid Lupano plus en verve que jamais, et un Paul Cauuet qui lui répond à grands coups de crayons, Les Vieux Fourneaux se payent un troisième album qui confirme l'adage : c'est encore avec les vieux qu'on fait les meilleures BD. 

Annoncé comme le tome consacré à Mimile, Celui qui part cache bien son jeu puisque c'est seulement dans sa seconde moitié que le voyageur bagarreur de la bande (dessinée) se vera réellement consacré. Avant ça, Lupano va s'attacher à nous faire revenir parmi des personnages que l'on pense avoir un peu oublié, et qui d'un dessin nous reviennent d'entrée. Et si Paul Cauuet n'est pas innocent à une réussite presque effrontée tant elle met un coup de pied au cul de la production BD, et nous y reviendrons, c'est surtout Lupano qui gère parfaitement son ambiance rurale, lui qui semble être devenu le spécialiste et le prescripteur de "l'autre France", celle qui râle et qui milite depuis ses campagnes tout en rêvant de rompre l'apathie des grandes villes. 

Et si plusieurs membres de la rédac' ont vu un goût de trop peu dans ce qui semble être d'avantage un épisode de la vie de la bande qu'un album particulièrement spectaculaire, il faut savoir peser la valeur du propos développé par Lupano, lui qui va se servir du personnage de Berthe pour nous raconter une fabuleuse histoire aux ficelles très pragmatiques, mais finalement toutes liées. Faire briller le quotidien et le normal, c'est presque un jeu pour le scénariste, qui peut également compter sur la qualité de ses dialogues, qui donnent vie à des personnages que l'on croit entendre en les lisant, pour quiconque a grandi à la camapgne. 

Mieux, l'auteur ne s'embarasse d'aucun tabou et fait d'une pierre deux coups puisqu'il conjugue sa science du quotidien avec sa connaissance de l'histoire de France, lui qui fait véritablement voler en éclat son histoire dans la seconde moitié de l'album, dans un déluge d'émotions et de profonde reflexion sur l'inévitable connerie, sur l'effet de groupe et sur les jugements hâtifs d'hommes qui gagneraient parfois à se regarder dans la glace, inconscients du mal qu'ils peuvent causer. Une bonne petite leçon mâtinée d'excellence, un vrai régal de lecture.

Lui aussi toujours au niveau, Paul Cauuet s'impose comme l'un de ces auteurs qui nous font aujourd'hui célébrer le renouveau de la Bande Dessinée franco-belge, elle qui peut profiter d'artistes jeunes et techniquement irréprochables, parfaitement en phase avec les scripts de leurs scénaristes. 

Et au delà d'une couverture allégorique qui ne m'a pas totalement convaincu, l'album est une démonstration du talent de l'artiste, qui JAMAIS ne prétexte la flemme pour délaisser un fond ou une ambiance, des éléments cruciaux pour accompagner Lupano et sa mise en scène. S'il veut succéder à Yoann une fois que celui-ci en aura terminé avec Spirou, qu'il se sente libre d'accepter le contrat, tant son trait semble fait pour donner vie au Groom de Dupuis. 

Alors qu'un débat déchire la rédac' et notre libraire préféré pour savoir si ce troisième tome est réellement légèrement en dessous des deux premiers, je dois me faire l'avocat des vieux et reconnaître que s'il sacrifie une certaine forme de spectacularité, cet album brille par sa finesse et la richesse d'un propos qui résonne tout au long du récit avant de nous laisser sur une note douce amère, parfaite pour faire revenir les personnages d'un titre star sur terre. Une belle réussite que certains trouveront presque anecdotique, qui puise en réalité sa force dans la justesse et la puissance de son message. 

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