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par Elsa - le 5/09/2014
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par Elsa - le 5/09/2014

Lonely Betty, la critique

Alors que l'automne n'est pas encore tout à fait d'actualité, l'éditeur Sarbacane nous emmène au coeur de l'hiver avec Lonely Betty, adapté du roman de Joseph Incardona par Christophe Merlin. Une veille de Noël pas forcément très joyeuse...

Happy birthday Betty.

Betty Holmes fête ses cent ans à l'auspice ce soir. La presse locale est venue, l'adjointe au maire aussi. Mais alors qu'elle s'approche pour souffler ses bougies, elle vomit sur le gâteau, et demande à parler à un inspecteur à la retraite. Le plus surprenant ? Elle n'avait pas prononcé un mot depuis une cinquantaine d'années.

Si la vieille dame est sortie de son mutisme, c'est pour apporter de nouveaux éléments sur le drame qui, par effet de ricochets, lui avait fait perdre son poste de maitresse d'école. Elle affirme savoir où sont enterrés les frères Harrys, trois enfants dont elle était l'institutrice au moment de leur disparition.

Quelques jours d'hiver.

Lonely Betty est un polar sur fond de sol enneigé et de nuit noire. Si l'enquête compte son lot de surprises, elle reste pourtant assez simple. Plus que le meurtre, ce sont les personnages bien vivants qui importent le plus dans ce récit. Chassé-croisé d'histoires personnelles, entre drames et désillusions. 

John Markham passe sa retraite de flic à jouer à l'Othello avec son crétin de petit fils pendant que sa fille, Laureen, part chaque soir gagner sa vie dans un clip de striptease. Betty Holmes occupe essentiellement ses vieux jours à être infecte avec son infirmier. Et Sarah Marcupani, l'adjointe au maire, ne parvient pas à faire le deuil de son labrador.

Le récit prend le temps de s'attarder sur chacun, et ce qui encombre sa tête, parvenant à rendre les personnages à la fois attachants et détestables, en tout cas très humains. L'ambiance est réussie, et le dessin apporte un aspect à la fois fragile et abimé aux héros, que la vie n'a pas toujours épargnés. La narration joue aussi sur les silences et les apartés. La colorisation un peu passée achève de créer une atmosphère où l'existence de chacun s'est figée depuis bien longtemps. À cause des drames et de la neige, sans doute.

On aurait aimé une enquête un peu plus dense et complexe, mais Lonely Betty est un polar plaisant à lire et qui se révèle surprenant. L'atmosphère est pesante et chargée en malheur, le dessin laisse les personnages dans une certaine torpeur, et le récit prend le temps de nous raconter chacun d'entre eux et ce qui occupe leurs pensées plutôt que de se concentrer uniquement sur l'intrigue.

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