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par Elsa - le 23/05/2016
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par Elsa - le 23/05/2016

Luisa - Ici et là, la critique

Dessinatrice du remarqué L'Apocalypse selon Magda paru il y a quelques mois, Carole Maurel revient pour une bd en solo : Luisa, Ici et là.

Duo inattendu.

Luisa a la trentaine, une vie amoureuse épisodique et un boulot pas transcendant mais qui paye le loyer. Un jour, sa voisine de palier, qu'elle ne porte pas vraiment dans son cœur, frappe à sa porte. Elle est accompagnée d'une adolescente égarée qui se prénomme elle aussi Luisa Arambol. Et malgré les années qui les séparent, la ressemblance entre la jeune fille et la jeune femme est frappante. Et pour cause : c'est elle à quinze ans.

La Luisa du passé et celle du présent vont devoir cohabiter quelques temps et cela pourrait bien être l'occasion d'une confrontation salvatrice.

Le temps des remises en question.

Avec beaucoup de sensibilité, Carole Maurel fait se rencontrer une femme avec elle-même, à deux périodes charnières de sa vie. L'adolescence, ses troubles, ses questionnements, son ras-le-bol, ses rêves et ses erreurs aussi. La trentaine, quand le quotidien a parfois fait taire les rêves, l'heure souvent d'une certaine remise en question quand on réalise que l'on n'a peut-être pas pris la bonne direction. Pendant plus de 250 pages, les deux Luisa s'affrontent, apprennent aussi à s'apprivoiser, dans une situation étrange mais avec laquelle elles doivent bien composer. L'une sait tout de ce qui va arriver à l'autre, l'autre enchaine les déceptions tant l'adulte en face d'elle ne correspond en rien avec ce qu'elle imaginait pour son futur.

Parfois drôle, souvent tendre, Luisa - Ici et là explore en parallèle deux âges riches en émotions. Et en les faisant se rencontrer, l'auteure bouscule leur quotidien et les oblige à se remettre en question, à grandir et à mûrir, parce qu'elles en ont finalement autant besoin l'une que l'autre. Le récit va parfois un peu trop vite, n'explore pas assez en profondeur les émotions fortes que doivent ressentir les deux héroïnes face à cette expérience. Mais Carole Maurel évoque l'important avec finesse et poésie. L'amour, l'amitié, la passion, l'art, les réalités de la vie, autant de sujets qui feront échos en chacun de nous. Et entre les lignes une seule solution pour se sentir mieux : être plus sincère.

Le dessin est fin et délicat. Les décors sont parfois accessoires, voir inexistants sur nombre de cases, mais cela laisse toute la place aux personnages, à leurs sentiments et émotions. Les cases muettes, parfois des pages entières, sont à la fois contemplatives et particulièrement importantes. Elles disent à la place des personnages les secrets qui les hantent et auxquels les deux Luisa refusent de réfléchir. La colorisation, qui reprend les codes de la couverture, est très chaleureuse. Elle crée une ambiance féminine et douce. Les flashbacks qui nous renvoient dans l'adolescence de Luisa sont en sépia. Cela colle bien au côté triste de ces souvenirs.  

Luisa est une bande dessinée douce et sensible. En jouant avec l'idée de paradoxe temporel, Carole Maurel pousse son héroïne à se remettre en question et a arrêter de fuir les secrets qu'elle a enfoui en elle. Une jolie surprise.

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