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par Alfro - le 4/02/2015
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par Alfro - le 4/02/2015

Mc Queen - Tome 1, la critique

L'histoire d'amour entre le polar et la bande dessinée ne date pas d'aujourd'hui, cette dernière s'étant développée dans les années 30, l'époque des grands romans Noirs et des feuilletons qui voyaient une légion de détectives privés partir sur des affaires qu'ils auraient bien aimé éviter. Aujourd'hui encore, le polar flirte allégrement avec le 9ème Art.

"Les gens n'étaient que de vagues figurants..."

Mc Queen, c'est le nom de ce détective privé à tête de macaque qui est le héros malheureux et un peu perdu de cette bande dessinée publiée en septembre par Paquet. Il porte un trench-coat, a l'air d'avoir dormi dans la rue toute semaine qui vient de s'écouler et possède le caractère irascible qu'on se plait à s'accorder aux New-Yorkais du cru. Le vrai privé dur à cuire, anciennement flic avant qu'il ne se retourne contre ses collègue ripoux, dont le plus grand défaut avec un problème récurrent de maîtrise de la colère et son penchant pour les femmes. Celles-ci aussi sont bien présentes, fatales et mystérieuses, trainant derrière elles un parfum venimeux de danger. Un vrai polar noir on vous dit.

Quand Mc Queen, encore troublé par son ancienne affaire qui a mal fini (et qui n'est toujours pas bouclée puisqu'elle est là en filigrane), se voit chargé de retrouver la jeune Millie de Crécy, il ne s'imaginait sans doute pas qu'il allait mettre le pied dans une affaire où l'argent sale et la contrebande lui laisseraient quelques ennemis gratinés sur son chemin. Vous l'aurez compris, la figure tutélaire des maîtres du polar, comme Dashiell Hammett ou Mickey Spillane, plane sur ces planches. Peut-être même un peu trop, le récit ne se séparant jamais de ses clichés, l'hommage étant présent dans chaque case, chaque bulle. Quand toutes les situations semblent tirées d'un roman noir, l'histoire originale a du mal à vivre par elle-même.

"T'aurais pas vu qui t'a tiré dessus ?"

Certes, le récit en lui-même ne respire pas l'originalité, ne proposant jamais rien de plus que l'hommage à un genre élimé jusqu'à la moëlle, ce petit plus que l'on peut retrouver dans des BD d'Ed Brubaker ou Atsushi Kaneko qui proposent un peu plus que le polar en lui-même. Par contre, l'exécution est d'une virtuosité admirable. Le découpage est rythmé, efficace comme un coup de poing, alternant savamment les agencements de cases comme autant de propositions narratives. L'histoire s'offre à nous, passionnante et riche, déboulant furieuse dans de nombreux rebondissements, certes envisageables mais qui dynamisent le récit agréablement. D'ailleurs, quand la dernière page se tourne, malgré une histoire déjà bien dense, on n'a qu'une hâte : celle de lire le deuxième et dernier tome.

Il faut noter qu'avant de rentrer dans le monde de la bande dessinée, Emilio Van Der Zuiden travaillait dans le monde du graphisme. Cela se ressent ici à chaque page, travaillée dans le moindre de ses détails, tant au niveau de la couleur que de la composition. De nombreuses fois, l'auteur s'amuse avec les codes du genre en détournant des affiches d'époques, des décors identifiables entre milles et des amours de short-cuts épiléptiques qui vous plonge immédiatement dans l'ambiance. Tout cela offre une scène de choix au héros pour développer son enquête avec style, dans une fantasmagorie pop qui fait honneur à la tradition de la ligne claire dont le dessinateur belge est visiblement un grand admirateur.

Mc Queen est un polar, un vrai qui respecte tous les codes du genre. Il se retrouve même enfermé par eux, faisant trop de place à l'hommage pour laisser s'exprimer sa propre voix. Pourtant, tout dans l'ambiance et le récit de cette bande dessinée en fait une œuvre passionnante à lire. Un petit bijou d'art séquentiel que l'on dévore pour la virtuosité de Van Der Zuiden.

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