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par Sullivan - le 6/11/2015
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par Sullivan - le 6/11/2015

Méta-Baron - Tome 1, la critique

Disclaimer : pour ceux qui tiennent réellement à la note, le titre est passé très proche du 8 pour ses qualités artistiques et c'est sa structure en deux albums pour chaque cycle (la série en comptera quatre, avec quatre dessinateurs différents) qui lui coûte ce petit point qui fait la différence. Ceci dit, nous comprenons réellement le besoin pour un éditeur qui ne roule pas sur l'or tel que Les Humanos d'adopter ce format, et je vous encourage à ne pas trop tenir compte de ce petit caprice éditorial.

Série culte dérivée du non-moins culte L'Incal des géants Moebius et Alejandro Jodorowsky, le Méta-Baron est l'un des plus grands monuments de la Science-Fiction à la française, cristallisant à travers son existence une forme de création artistique devenue légendaire auprès des artistes du monde entier ensuite. C'est donc un sacré poids qui pèse sur les épaules de Jerry Frissen (Lucha Libre...) et Valentin Sécher (Khaal - Chroniques d'un empire galactique) au moment de reprendre la suite directe des aventures du "plus grand guerrier de l'univers", dont les auteurs semblent s'accomoder sans trop de stress, en témoigne notre folle interview enregistrée lors de la Comic Con Paris

Vaguement guidés par Jodorowsky, les auteurs avaient toute la confiance de Bruno Lecigne, éditeur historique de la saga. Et c'est avec un sacré sérieux que les deux premiers auteurs à passer sur le grill (Jerry Frissen reste le pilote du vaisseau sur les quatre cycles, dessinés ensuite par Niko Henrichon, Mukesh Singh et Esad Ribic, pour un casting 100% international), en témoigne la retraite spirituelle effectuée par le scénariste pour mieux se replonger dans cet univers si particulier, codé aussi bien visuellement qu'intellectuellement, avec ses fameux "Techno-préfixes" et son langage propre. Et comme si la pression n'était pas déjà assez intense, on retrouve un héros capable de réduire l'empire en miettes mais qui refuse désormais de se battre, alors que les relicats de salauds impérialistes continuent de piller et de violer. 

Ce premier tome, comme son nom l'indique, s'intéressera d'ailleurs d'avantage à l'abject Wilhelm-100, Techno-Amiral au service de supérieurs non moins infects, chargés d'en finir avec un Méta-Baron qui ne peut tout de même pas impunément regarder, et presque subir, ce sinistre développement. D'autant plus lorsque ses intérêts énergétiques personnels convergent avec la lutte d'un peuple réduit en esclavage par l'Empire. 

Surpuissant, le Méta-Baron traverse cet album comme une ombre à l'aura sans limite, capable de déchainer sa colère et sa toute-puissance quand bon lui semble, au point de forcer les "paléo-porcs technos technos" à poursuivre leurs odieux plans sans trop attirer l'attention d'un guerrier dont on entraperçoit l'orée de ses infinies capacités.

Pourtant conquis par l'idée d'une équipe artistique changeante au départ, je m'en prendrais presque à rêver aujourd'hui d'une dizaine de tomes du Méta-Baron menés par Valentin Sécher. Parfaitement dans l'héritage des designs classiques de cet univers fondateur, le jeune dessinateur parvient également à apporter juste ce qu'il faut de modernité et d'héritage Hollywoodien aussi maitrisé qu'assumé pour donner un vrai coup de polish à un titre qui a pour obligation d'être crédible en 2015. Entre découpage audacieux et une maitrise parfaite de l'apport du numérique, le titre parvient à être quasi-organique, une constante depuis ses débuts historiques, qui aurait pu se perdre sur l'autoroute de la création assistée par ordinateur. N'en déplaise aux fanatiques des couleurs traditionnelles, le cocktail visuel qui nous est proposée est tout bonnement délicieux , d'autant que la totalité de l'album bénéficie d'un tel soin. Un grand coup de chapeau, monsieur Sécher. 

Colossale. C'est bien le mot qui sied à la pression mise sur les épaules des auteurs au moment d'accepter de passer à travers les plus grands géants de l'histoire de la BD, dans un univers qui en a inspiré des centaines d'autres depuis mais qui se doit de prouver qu'il est toujours aussi précieux en 2015. C'est aussi le mot qui ressort de cette performance artistique de haute volée, aussi bien la reprise de l'univers qu'à travers le dessin fabuleux d'un Valentin Sécher déchaîné. Un bien beau retour donc, que l'on salue même si l'on regrette l'attente entre cet album et le prochain, qui auraient définitivement gagnés à être compilés. 

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