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par Elsa - le 14/02/2017
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par Elsa - le 14/02/2017

Millenium Saga tome 1, la critique

Ces dernières années, le scénariste Sylvain Runberg, fort bien accompagné de José Homs et de Man, a su adapter mais aussi réinventer les trois romans de Stieg Larsson, Millenium. Connaissant bien la Suède et sa culture, il avait su retranscrire fidèlement l'esprit des oeuvres originelles tout en imaginant des angles de vue, des passages, inédits, qui enrichissaient encore notre regard sur l'ensemble.

On connait la suite de l'histoire, du moins la première. Stieg Larsson est mort avant d'avoir achevé le quatrième tome de Millenium. D'autres auteurs ont ensuite repris la série, suite au succès des aventures de Blomkvist et Salander.

De la même manière, c'est au tour de Sylvain Runberg de s'émanciper de l'oeuvre de Larsson et d'imaginer une suite aux aventures du duo. Le premier tome de Millenium Saga, annoncé en triptyque, est paru à l'automne dernier.

Vieilles connaissances.

Sten Windoff, leader d'un parti d'extrême droite, est en très bonne place pour les élections suédoises. Mikael Blomkvist et toute l'équipe de Millenium enquêtent dans l'urgence, conscients qu'ils doivent dévoiler au public qui se dissimule vraiment derrière les beaux discours. 

Blomkvist reçoit un renfort inattendu avec la réapparition de Lisbeth Salander. Elle lui promet de lui fournir de quoi faire tomber Windoff. Evidemment ce n'est pas un service gratuit : elle-aussi a besoin de son aide, et vite.

Un contexte douloureusement familier.

Crise des réfugiés, montée de l'extrême-droite, indépendance de la presse, culture du viol, espionnage et cyber-criminalité, autant dire que Sylvain Runberg ancre son récit, comme pouvait le faire Stieg Larsson, dans une actualité des plus réalistes, transposant la crise que le Monde traverse actuellement dans l'univers de la série. D'ailleurs, le contexte aurait pu se suffire à lui-même et ne pas se lier à Millenium. Mais on ne boudera pas son plaisir de retrouver La Guêpe et Super Blomkvist.

Le récit, tout en tension, nous pousse aussi à nous interroger sur notre propre actualité. Lutte de pouvoir, organisation(s) criminelle(s), on est tout de suite happé par cette nouvelle histoire. Millenium Saga est riche en dialogue, pour bien nous permettre de comprendre les enjeux en place et les problématiques auxquelles nos héros sont confrontés. C'est donc une bande dessinée dense, mais parfaitement fluide, maitrisée, aussi passionnante que chargée en adrénaline. Si l'on accepte un démarrage un peu lent pour pouvoir s'imprégner du contexte, on signe pour ce qui promet d'être un déferlement de rebondissements étourdissants, si l'on en juge tout ce qui survient déjà en 56 pages. On aurait tort de bouder son plaisir.

Graphiquement, le dessin de Belén Ortega est un peu plus classique que ceux de Homs et de Man. Il n'en reste pas moins très beau, parfaitement maitrisé, servant les ambiances, donnant de la personnalité à tous les personnages, même les plus secondaires, et retranscrivant à la perfection toute l'énergie et la noirceur qui se dégage du récit. Dans Millenium, la lumière suédoise, blanche et froide, n'empêche en rien la douleur et le désespoir de s'immiscer partout. La véritable lumière, l'espoir, proviennent presque totalement de la rage qui anime Lisbeth Salander, héroïne magnétique et imprévisible qui fait trembler jusqu'aux plus puissants.

En faisant le pari risqué d'imaginer la suite de Millenium, Sylvain Runberg et Belén Ortega mêlent notre présent trouble à la noirceur de l'oeuvre de Stieg Larsson. Le résultat est particulièrement réussi, captivant. Voilà un triptyque qui nous promet autant d'intelligence que de sensations fortes.

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