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par LiseF - le 8/06/2015
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par LiseF - le 8/06/2015

Murderabilia, la critique

Murderabilia est un one-shot écrit et dessiné par Alvaro Ortiz. L'auteur s'était déjà illustré en 2013 avec la publication de Cendres, l'histoire de trois amis qui entament un long voyage pour aller jeter les restes d'un pote décédé. Cendres, c'était étrange, parfois glauque, mais finalement attendrissant. Murderabilia, c'est la même chose puissance mille.

C'est l'histoire d'un type de 23 ans, Malmö Rodriguez, sans emploi, vivant chez ses parents. Lorsqu'il apprend que son oncle a été retrouvé mort d'un infarctus et dévoré par ses deux chats, il se met en tête de récupérer les bestioles. Geste affectueux ? Pas vraiment. 

"J'avais deux chats... qui allaient enfin me rapporter un peu de fric."

Malmö a rencontré sur internet quelqu'un qui lui propose de lui racheter ses chats à prix d'or. N'ayant pas grand chose d'autre à faire, il part dans la campagne profonde pour amener les chats en personne à son contact. Le mystérieux homme d'internet est un vieux barbu obsédé par tout ce qui tourne autour de la mort, et plus particulièrement du crime. Il possède toute une collection d'objets ayant appartenu à des meurtriers célèbres, conduit une voiture faite de pièces d'autres voitures provenant d'accidents mortels... Même sa maison a servi de théâtre à un odieux massacre. Pour lui, les deux chats sont une perle rare. Contraint de rester une nuit dans le village pour avoir raté son bus, Malmö décide de s'y installer après y avoir trouvé un travail. Il se prend alors d'affection pour le vieux monsieur et sa collection bizarre, et découvre l'univers pas très pacifique des villageois.

Murderabilia est un étrange mixe entre les interrogations existentielles d'un jeune de 23 ans au chômage, un hobby surprenant mais réel, et de la chair humaine. La chair humaine, elle est vraiment présente dans ce livre : sur la couverture, dans la moindre scène de description de meurtre... On aurait pu s'attendre à ce que ce livre soit gênant, limite anxiogène. Pourtant, il se dévore de la première à la dernière page. Le plus étrange, c'est peut-être le côté « mignon » des dessins, tout en rondeurs, aux couleurs douces, presque enfantines.

« Pardonnez mon manque d'éducation, je parle de chats alors que je ne me suis même pas présenté. »

Alvaro Ortiz a cette particularité de laisser beaucoup de place à la voix off. Les cases sont souvent un enchaînement de vignettes sans paroles où le personnage principal raconte tranquillement sa vie. Lire Murderabilia, c'est comme lire un journal intime hors du commun. Cette histoire, on peut la lire un peu comme on veut : comme une réflexion sur l'errance d'un mec qui n'a pas grand chose à faire de sa vie, comme l'histoire étrange mais captivante d'une collection qui fait grincer des dents, ou encore comme une aventure glaçante au cœur d'un village un peu trop porté sur la chasse au gibier.

« Derrière chaque pièce il y avait une histoire terrible, digne d'être racontée. »

Ce qui est surprenant aussi, c'est la qualité des recherches qui semblent avoir été effectuées par l'auteur. Le livre est bourré de références à des meurtriers connus, contemporains ou historiques. C'est tellement bien raconté qu'on est vite absorbé par ces récits macabres, quitte à devenir aussi passionnés que le collectionneur. Ces récits à mi-chemin entre le glauque et l'attachant, c'est un peu la marque de fabrique d'Alvaro Ortiz. Pour ceux qui apprécient son œuvre, il est d'ailleurs en train de travailler sur un troisième album, qu'il compte publier cet été en Espagne.

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