Après Kanopée, Louise Joor revient avec le premier tome de Neska, du clan du lierre.
Survie à hauteur d'insecte.
Au commencement étaient les Immenses. À la mort du dernier d'entre-eux, les insectes vinrent tirer son essence. Et c'est ainsi que naquirent les deux-pattes, petits êtres aux traits humains, divisés en clans, qui doivent leur survie à leur connaissance des plantes et des insectes.
Maélisse est la dernière appeleuse du clan du lierre. Alors qu'elle est partie en expédition avec sa fille Neska, qu'elle commence à former, elle est enlevée par un Immense. Quand Neska revient auprès des siens pour annoncer la nouvelle, personne ne la croit : les Immenses n'existent plus depuis bien longtemps. Mais sans Maélisse, la survie du clan est mise en péril. Elle seule savait fabriquer le mélange pour attirer les escargots dont ils ont besoin. Il va falloir trouver une solution, et vite.
Auteure à suivre.
Après un one-shot remarqué, Louise Joor se lance dans une série. Au programme à nouveau, une héroïne et beaucoup de végétation. Pour le reste, le moins que l'on puisse dire c'est que l'auteure a progressé à vitesse grand V. Son dessin est beaucoup plus vivant, ses personnages ont énormément gagné en personnalité, et ses planches sont très réussies, graphiquement comme dans leur composition. Neska est un récit plein d'énergie et de rebondissements, mais il prend aussi le temps d'être contemplatif, et de nous faire découvrir à notre rythme le monde qui entoure les personnages. Les insectes sont représentés avec beaucoup de réalisme, tandis que les décors et vêtements regorgent d'inventivité, fabriqués à partir de minuscules éléments naturels. La colorisation est un peu terne, mais colle bien à une ambiance un peu terreuse et à la douceur qui se dégage de l'ensemble.
Côté histoire, les premières cases pourraient faire craindre une influence trop forte d'Arrietty (une inspiration plaisante, mais il aurait été dommage de trop s'y enfermer). Mais si l'influence des films du studio Ghibli est assez notable dans le travail de l'artiste, le petit monde imaginé par Louise Joor est original et solide. Au fur et à mesure qu'avance le récit, nous sommes initiés au mode de vie du clan du lierre. Pour se sortir de la situation critique dans laquelle ils se trouvent, les personnages vont devoir partir et visiter des lieux jusque là inconnus de Neska. Ils vont aussi rencontrer d'autres peuples Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'harmonie entre les clans n'est pas tout à fait au rendez-vous.
L'histoire et son déroulé sont un peu classiques, mais elle se dévore avec grand plaisir. Les personnages sont attachants, le ton est tout public (pour les jeunes lecteurs, Neska, du clan du lierre, riche en texte, exige quand même un bon niveau de lecture), et le récit est immersif et prenant. Le voyage dans ce petit monde, complexe et riche d'une mythologie qui lui est propre, est passionnant. Les dialogues sont peut-être un peu trop 'écrits', et manquent, à certains moments, un peu de naturel. Mais c'est un détail, Neska du clan du lierre est vraiment une excellente surprise.
Neska, du clan du lierre prouve tout le potentiel de Louise Joor, dévoilé dans Kanopée. L'auteure a beaucoup progressé et nous offre une aventure réussie, un monde originale et des planches de plus en plus belles. Sans être parfait, ce premier tome se lit avec énormément de plaisir.