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par Elsa - le 28/06/2016
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par Elsa - le 28/06/2016

Nils tome 1, la critique

Dernier succès en date de la collection Métamorphose (déjà en réimpression un mois après sa sortie), Nils nous entraine dans un univers où mythologies nordique et asiatique s'entremêlent.

Quand la vie s'éteint.

Plus rien ne pousse, plus rien ne nait. Les graines ne germent même plus, c'est à n'y rien comprendre. Les siens veulent partir, chercher ailleurs une terre moins hostile, mais Ruben choisit d'aller vers l'Est avec son fils, Nils. Il veut découvrir ce qui se passe.

Dans un univers où la vie des hommes est inextricablement liée à celles des dieux, ils sont conscients d'être bien peu de chose. Mais au milieu de la désolation, ils sont fermement décidés à ranimer l'espoir.

Un univers passionnant.

La métaphore sonne cruellement actuelle, celle d'un monde qui se meurt. Et par la faute de qui ? Des hommes. Nils, c'est d'abord l'histoire de ce tandem, un père et son fils, dont les relations oscillent entre reproches et tendresse. Si l'enjeu de cette mission est de comprendre le phénomène catastrophique qui a lieu chez eux, ce voyage est aussi pour les deux hommes l'occasion d'apprendre à se connaitre différement et pour Ruben de transmettre à son fils ses connaissances et sa vision du monde. Les paysages qu'ils explorent vont s'avérer plein de surprises et les faire tous deux évoluer.

L'histoire en elle-même est plutôt bien menée. Il y a régulièrement des rebondissements qui viennent amener de nouveaux enjeux et densifier l'ensemble. On pourra néanmoins regretter des dialogues qui sonnent parfois peu naturels. On sent chez le scénariste une volonté de parfaitement nous faire comprendre son univers, au détriment d'une certaine légèreté et d'un soupçon de mystère. La fin de ce premier tome très riche est aussi un peu trop rapide, presque expédiée, après une mise en place qui prenait son temps. Mais finalement, plus que la trame du récit, c'est l'univers qui prime dans Nils. Même s'il est un peu manichéen et comporte quelques influences trop marquées (le terme de yōkai y est notamment utilisé d'une manière un peu maladroite), le monde de cette bande dessinée est fascinant et poétique. Dans ce premier volume, on traverse des décors très variés et on rencontre de nombreux personnages attachants. Pour leur survie, les différents peuples et tribus vivaient jusque là en veillant bien à ne pas se croiser. La quête de Ruben va provoquer des bouleversements irrémédiables mais nécessaires.

Ceux qui suivent le travail d'Antoine Carrion depuis ses débuts seront peut-être un peu surpris : on retrouve moins dans Nils la nervosité qui transparaissait jusque là dans son dessin. Ici, le trait se fait plus apaisé, peut-être un peu plus classique. Pour autant, le dessin sert parfaitement la narration, les émotions et l'univers. Les planches sont toutes plus belles les unes que les autres, que ce soit les personnages pleins de personnalité ou les décors véritablement somptueux. L'oeil s'attarde souvent sur les paysages, majestueux et étranges. Chaque lieu devient un personnage de l'histoire, au même titre que les êtres vivants. La colorisation occupe une place narrative importante, appuyant les atmosphères et nous immergeant totalement dans l'univers. Les quelques passages plus fantastiques, notamment ceux qui ont trait aux divinités de ce monde, se font plus étranges et donnent une saveur particulière à l'ensemble.

Nils nous plonge dans un univers fascinant aux décors somptueux. Un premier tome intrigant qui donne très envie de lire la suite.

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